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Douleurs chroniques

Paracétamol : des effets indésirables à long terme

Par Audrey Vaugrente

Même avec des doses sûres, prendre du paracétamol peut être risqué. La consommation de cet antalgique à long terme augmente le risque d’effets secondaires rénaux ou gastro-intestinaux.

DURAND FLORENCE/SIPA

L’antalgique le plus prescrit en France a des effets indésirables à long terme. Selon une méta-analyse parue dans Annals of the Rheumatic Diseases, la consommation de paracétamol au long cours augmente le risque de troubles cardiovasculaires, rénaux et gastro-intestinaux. Cette association concerne des prescriptions ne dépassant pas 4 grammes par jour.

 

« Le risque reste minime »

Des chercheurs de l’Institut de médecine rhumatologique et musculo-squelettique de Leeds (Royaume-Uni) ont passé en revue plus de 1 880 études. Ils en ont retenu 8 dont les résultats évoquent les effets indésirables à long terme du paracétamol. La moitié signale une augmentation du risque de troubles cardiovasculaires (19 à 68 %), avec une relation dose-dépendante. La même observation est faite sur les effets secondaires gastro-intestinaux et rénaux, avec une variation de l’élévation du risque.

 

Dans le cadre de ces études de cohorte, les participants n’ont pas dépassé les doses quotidiennes recommandées de paracétamol (4 g/jour). En revanche, ils consommaient cet antalgique de manière régulière. « Le paracétamol reste un médicament efficace et peu dangereux », souligne François Chast, chef du service de pharmacie, pharmacologie et toxicologie à l’Hôtel-Dieu (Paris) contacté par pourquoidocteur. « Mais il est nécessaire de mesurer l’impact d’une prescription au long cours. »

 

Ecoutez le Pr François Chast, pharmacien à l’Hôtel-Dieu : « Lorsqu’on augmente les doses et la durée du traitement, on a un surrisque. Mais le risque reste minime. »

 

Un sujet à aborder en consultation

Le paracétamol est le 4e médicament le plus remboursé en France, selon les derniers chiffres de l’Assurance maladie. Une donnée qui ne tient pas compte de la consommation hors prescription, également très élevée. Si cet antalgique est si consommé, c’est grâce à son profil relativement sûr. En dehors de sa toxicité sur le foie, en cas d’intoxication aiguë, il est mieux toléré que les autres antalgiques (anti-inflammatoires non-stéroïdiens, opioïdes). Son efficacité dans les douleurs chroniques est également reconnue.

 

Cette apparente sécurité ne dispense pas les médecins d’être prudents, et d’interroger les patients sur leur consommation. Et pour cause : plus la dose consommée par jour augmente, plus le risque d’effets indésirables augmente. Mais les patients doivent eux aussi mentionner toute consommation de paracétamol à leur médecin, estime François Chas.

 

Ecoutez le Pr François Chast : « Lorsqu’on est en consultation, il faut préciser qu’on prend régulièrement du paracétamol pour que le médecin l’intègre lorsqu’il prescrit. »

 

Les risques hors prescription

Un autre problème majeur se pose : de nombreux patients prennent du paracétamol hors prescription mais pas toujours dans les bonnes indications. « Ils en prennent dans les douleurs chroniques, plutôt mécaniques. Certains patients vont les prendre pour des lombalgies chroniques, de l’arthrose, mais aussi des céphalées », explique le Dr Virginie Piano, spécialiste de la douleur à l’hôpital de La Timone (Marseille, Bouches-du-Rhône) contactée par pourquoidocteur. Ce sont justement des indications dans lesquelles l’intérêt du paracétamol a été remis en question. Et ce manque d’efficacité augmente le risque d’intoxication aiguë.

 

Ecoutez le Dr Virginie Piano, médecin spécialiste de la douleur : « Si vous dépassez la dose prescrite, vous prenez des risques. Ce sont des urgences qui arrivent régulièrement. »

 

Ces consommations hors prescription relèvent de la responsabilité des pharmaciens. Mais ni l’Ordre des pharmaciens, ni l’Académie de pharmacie, contactés par pourquoidocteur, ne se sont penchés sur le sujet.