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Exception française

Fessée : Laurence Rossignol veut frapper les esprits

Par Suzanne Tellier

La secrétaire d’Etat à la famille a annoncé sa volonté de mettre fin aux châtiments corporels quels qu’ils soient.

RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA
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Laurence Rossignol est contre la fessée. Alors que s’ouvre la Journée Internationale des Droits des Enfants, la secrétaire d’Etat à la famille a promu son modèle « d’éducation sans violence ». Sur Europe 1, elle a appelé à la fin des châtiments corporels quels qu’ils soient.

« Pas de petite violence »
Le gouvernement souhaite ainsi amener la population à une « prise de conscience collective », alors que plus de 80 % des parents français admettent avoir déjà eu recours à la violence physique pour réprimander leur enfant. « On peut être parents et se faire obéir sans recourir à la violence, surtout quand il s'agit de petits enfants. Il n'y a pas de petite violence », a-t-elle assené.

>> Campagne 2013 contre la gifle (Fondation pour l’Enfance). « Une petite claque pour vous, une grosse claque pour lui »

Pas question pour autant de légiférer - pas pour le moment en tout cas. Car le terrain est glissant. Il y a quelques mois, l’Assemblée nationale a rejeté l’amendement « anti-fessée » déposé par les députés écologistes. Le texte précisait que « les titulaires de l'autorité parentale ne peuvent user de châtiments corporels ou de violences physiques à l'égard de l'enfant ». Même démarche en 2010, lorsque le pédiatre et député UMP Edwige Antier  a proposé une loi pour interdire gifles et fessées, en vain.

« Les enfants, seuls êtres vivants que l'on peut frapper »
A croire que les Français sont attachés à ce modèle pédagogique, dont l’efficacité reste très contestée. De fait, une étude menée au Canada sur plus de 600 personnes a même montré que les châtiments corporels augmentent les risques de développer des pathologies mentales à l'âge adulte. Pour autant, la secrétaire d'Etat s’est défendue de porter atteinte à la liberté éducative des parents, invoquant des principes simples.

« Quand on voit un homme battre sa femme, tout le monde intervient ; si on voit deux adultes qui se battent, on va essayer de les séparer ; si on voit quelqu'un qui martyrise un animal, on va intervenir et, en fin de compte, les seuls êtres vivants que l'on peut frapper sans justifier que l'on puisse intervenir, ce sont les enfants », a-t-elle souligné.

« Droit de correction », l'exception française
D’ailleurs, l’Hexagone est à la traîne sur la question. En Europe, 18 pays ont interdit les châtiments corporels, suivant des recommandations émises par le Conseil de l’Europe. Les parents français, eux, jouissent d’un « droit de correction ». Les punitions corporelles sont interdites en dehors de la sphère familiale. La fessée doit être donnée à la main et dans le but d’éduquer, pas d’humilier - même si la frontière est difficile à tracer, comme le dénoncent de nombreux pédopsychiatres.

Malgré tout, les parents peuvent s’exposer à des poursuites. L’an dernier, à Limoges, un père s’est fait condamner à une amende de 500 euros avec sursis pour avoir infligé une fessée à son fils qui ne lui disait plus « bonjour » depuis quelques jours.




Le temps est donc à la « réflexion », selon Laurence Rossignol, pour qui « les lois viennent bien après. Le Code civil prévoit déjà que les violences interpersonnelles sont proscrites. Il y a une dérogation pour l'exception éducative. Il faut simplement faire disparaître cette exception éducative des habitudes et des certitudes des parents », a-t-elle avancé. Un colloque sur le sujet sera organisé en février.