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Papillomavirus

Cancer du col l'utérus: le Haut comité veut vacciner dès 11 ans

Par Melanie Gomez

Pour protéger les jeunes filles du papillomavirus, le Haut Comité de santé publique préconise d'avancer de 14 à 11 ans l'âge de la vaccination. En décembre, des spécialsites avaient lancé un appel dans ce sens. 

DURAND FLORENCE/SIPA
MOTS-CLÉS :

« Il faut que l’on avance l’âge de vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus humain (HPV) à 11 ans au lieu de 14 ans actuellement. Nous sommes le seul pays à recommander cette vaccination aussi tard. Aussi bien l’Angleterre que l’Allemagne, ou la Belgique le font aux alentours de 10 ans. Il y a de nombreuses bonnes raisons de le faire ».   

Cet appel que lançait, en décembre dernier sur pourquoidocteur, le Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue et président du Groupe de Pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP)  a été entendu. Le Haut conseil de santé publique (HCSP) vient de suivre les avis de deux sociétés savantes de pédiatrie (GPIP et SFP) en recommandant officiellement la vaccination HPV pour les jeunes filles à 11 ans. L'évolution des donnée et la faiblesse de la couverture vaccinale ont amené la HCSP à réviser ses postions.

Sur le terrain, les spécialistes constatent que la vaccination contre le cancer du col de l'utérus et les autres maladies causées par les virus HPV  a enregistré un recul en 2010 et 2011. La couverture vaccinale pour une dose a perdi près de quatre points en un an chez les filles passant de 39,4% en 2010 à 35,8 l'année suivante. Ce faible taux, pourrait compromettre l'obtention de l'immunité de groupe, estime le Haut conseiL 

Pourquoi vacciner dès 11 ans ? Les spécialistes avancent plusieurs arguments. Tout d’abord, en vaccinant les jeunes filles vers 11/12 ans, ils espèrent augmenter le nombre d’adolescentes vaccinées. A cet âge, elles se plient généralement plus volontiers à  l’autorité des parents qu’à 16 ans. Les médecins reconnaissent également que passé un certain âge, à l'adolescence, les consultations s’espacent. De plus, à 11 ans, il y a déjà un rendez vous vaccinal recommandé par le Comité Technique des vaccinations (CTV), le rappel Diphtérie, Tétanos, Polio et  Coqueluche, plutôt bien suivi par la population. 

 

Ecoutez le Dr Robert Cohen, pédiatre infectiologue : « On peut faire les vaccins en même temps, il y a des études qui l’ont montré. Et on sait aussi que même si on vaccine tôt, les anticorps restent présents assez longtemps dans l’organisme. » ( Entretien réalisé le 3 décembre 2012)


 

Vacciner plus tôt protège mieux : Les données d’immunogénicité indiquent que la réponse immunitaire des adolescentes entre 10 et 14 ans est supérieure à celle obtenue chez les plus de 15 ans. De plus, certaines études montrent que deux doses faites aux alentours de 11 ans sont tout aussi immunogènes que trois doses réalisées après 15 ans.
Enfin, ces spécialistes favorables à une vaccination plus précoce contre la HPV avancent un dernier argument. En vaccinant dès 11 ans, on limiterait également certaines polémiques anti-vaccinales, notamment celles qui relient vaccination et augmentation de survenue de certaines maladies auto-immunes.

Ecoutez le Dr Robert Cohen : « Les maladies auto-immunes sont naturellement beaucoup plus fréquentes après 15 ans qu’au début de l’adolescence. Du coup, en vaccinant à 11 ans, le risque de coïncidence entre une vaccination et l’apparition d’une de ces maladies est réduit. » ( Entretien réalisé le 3 décembre 2012)



 

Déclarations d’intérêt
R. Cohen : essais cliniques : en qualité d’investigateur principal, coordonnateur ou expérimentateur principal(Pfizer, GSK) ; conférences : invitations en qualité d’intervenant (Pfizer, GSK) et d’auditeur (frais de déplacement et d’hébergement pris en compte par une entreprise) (GSK) ;versements substantiels au budget d’une institution dont il est responsable (GSK, Pfizer, Sanofi-Pasteur MSD,Novartis).