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Covid-19

Le couvre-feu nuit-il à notre santé mentale ?

Par Mégane Fleury

Depuis le 17 octobre, huit métropoles françaises sont concernées par un couvre-feu de 21 heures à 6 heures du matin.

Ladiras/iStock

Nous sommes entrés dans la deuxième vague de Covid-19 : le premier ministre, Jean Castex, l’a confirmé lundi 12 octobre sur Franceinfo. Quelques jours plus tard, le président Emmanuel Macron, a annoncé la mise en place d’un couvre-feu dans huit métropoles pour réduire la circulation du virus. Dans ces villes, il est interdit de circuler entre 21 heures et 6 heures du matin, sauf dérogation. Plusieurs spécialistes s’inquiètent des conséquences de cette mesure sur le moral des Français, notamment pour les plus fragiles. 

Le risque d’une augmentation des troubles psychologiques

À RTL, la psychanalyste Sophie Péters explique que le couvre-feu “nous atteint tous au moral”. Cela dit, nous ne serions pas tous égaux face à cette mesure. “Pour des gens anxieux, c'est très angoissant de voir cette ville qui ne vit plus, de ne plus entendre de bruit, et de se sentir isolé”, poursuit-elle. Dans cette période stressante, nous nous retrouvons confrontés à nous-mêmes, et cela “ouvre une crise existentielle pour beaucoup d’entre nous”. Jocelyn Raude, enseignant-chercheur en psychologie, estime que la période peut provoquer des troubles psychologiques, comme il l’explique dans un article de L’Express. “Le fait que l'on soit de plus en plus isolé socialement a des incidences sur le plan de la santé mentale, analyse-t-il. C'est-à-dire une augmentation de l'anxiété, une augmentation d'un certain désordre affectif, des problèmes de troubles du sommeil.”

Les Français, attachés aux cafés et restaurants

D’après lui, il ne faut pas négliger l’importance du facteur culturel. “La vie collective des Français s'organise beaucoup autour des cafés, des restaurants, détaille-t-il. Ce sont des lieux de rencontre pour les amis, ce sont des lieux de rencontre familiaux.” Le sociologue Patrick Peretti-Watel est plus mesuré. À France Culture, il confie qu’une répercussion du couvre-feu sur la santé mentale est prévisible, mais “sans commune mesure avec celui lié au confinement pendant lequel des familles devaient vivre toute la journée les uns sur les autres et parfois dans des logements exigus.” 

Une population déjà fragilisée par le confinement 

Le moral des Français a déjà été bouleversé par le confinement au printemps. Santé publique France a analysé l’état psychologique de la population pendant cette période, dans le cadre d’une étude intitulée CoviPrev. Un précédent sondage, réalisé en 2017, indiquait qu’environ 13,5% de la population ressentait de l’anxiété. Entre le 30 mars et le 1er avril 2020, soit en plein confinement, 21,5% des sondés en souffrait. Le déconfinement a fait baissé ce taux, mais il reste supérieur aux chiffres des années précédentes, ainsi 18% des personnes interrogées se sentaient anxieuses entre le 21 et le 23 septembre. Les troubles du sommeil ont également été plus importants pendant le confinement et restent aujourd’hui plus fréquents dans la population.