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9 000 suicides chaque année en France

Quelles actions sont efficaces pour prévenir le suicide ?

Par Johanna Hébert

Dans sa revue trimestrielle La Santé en action, Santé publique France publie un dossier consacré à la prévention du suicide. Voici un état des lieux des actions considérées comme efficaces.

Tadamichi/iStock

Chaque année en France, 9 000 personnes en moyenne décèdent par suicide. L’Hexagone se place ainsi à la 10e place (sur 28) des pays de l’Union européenne avec le taux de suicide le plus élevé. Selon les dernières données du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), plus de 7% des Français adultes déclaraient avoir tenté de se suicider au cours de leur vie, et près de 5% déclaraient y avoir pensé au cours de l’année 2017.

Santé publique France consacre un dossier à la prévention du suicide dans sa revue trimestrielle La Santé en action, destiné à présenter les actions efficaces sur le terrain. Au-delà d’un simple choix individuel, la conduite suicidaire peut être déterminée par des facteurs socio-environnementaux, tels que l’économie, l’emploi, le milieu de vie, l’exposition aux violences, l’isolement ou encore l’accès aux dispositifs de prévention et de prise en charge.

Détecter les comportements suicidaires

En 2018, la France s’est dotée d’une feuille de route “Santé mentale et psychiatrie” au sein de laquelle la prévention du suicide occupe une place première. L’un des objectifs de cette feuille de route est de proposer aux Agences régionales de santé (ARS) de combiner sur leurs territoires plusieurs actions identifiées comme étant efficaces dans la littératures scientifique. Cela passe par exemple par la formation de “sentinelles”, c’est-à-dire de personnes capables d’identifier, dans le milieu professionnel ou autre, celles qui sont en souffrance et risquent d’avoir une conduite suicidaire.

Maintenir le lien grâce aux cartes postales

Dans le cadre de cette feuille de route gouvernementale, il existe également le programme VigilanS. Son objectif est de prévenir la récidive en gardant le contact avec les patients admis après une tentative de suicide. Ce lien est maintenu par téléphone mais également par courrier. Le système repose notamment sur l’envoi de cartes postales. Si au départ, elles étaient envoyées uniquement lorsque le patient n’était pas joignable directement, elles ont pris peu peu une part entière dans le maintien de ce lien.

Éviter la “contagion suicidaire”

Enfin, le troisième volet du plan “Santé mentale et psychiatrie” sur le suicide repose sur une meilleure information du public. Cela se fait grâce au programme Papageno, qui consiste à travailler avec les médias pour éviter le phénomène de “contagion suicidaire”. On parle également “d’effet Werther”, en référence à l’oeuvre de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, parue en 1774. À la fin de l’ouvrage, le personnage principal se suicide, et au moment de sa parution, cela a engendré une vague de suicides en Europe.

Le rôle des journalistes est important

Avec le programme Papageno, les journalistes sont invités à ne pas traiter le suicide de manière sensationnaliste, voire glamour, lorsqu’il s’agit d’une célébrité. Par exemple, aux Etats-Unis, 1 841 suicides supplémentaires ont été enregistrés six mois après celui de Robin Williams. Il faut également éviter de trop détailler la manière dont une personne est passée à l’acte pour ne pas donner d’idée au lecteur, puisque 87 % des personnes ayant fait une tentative de suicide déclarent en effet avoir utilisé un moyen particulier après l’avoir lu dans un article de presse. Ces recommandations correspondent à celles émises par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour “un traitement responsable de l’information”.