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Environnement

La pollution de l’air responsable d’une augmentation des visites aux urgences

Par Charlotte Arce

Une nouvelle étude américaine établit un lien entre la pollution atmosphérique et le nombre croissant de visites aux urgences pour maladies respiratoires et cardiovasculaires.

antikainen/iStock

Véritable enjeu de santé public, la pollution de l’air est aujourd’hui un problème de niveau planétaire. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), neuf personnes sur dix respirent un air pollué dans le monde.

Chaque année, on estime que 1,3 million de personnes – plus de la moitié dans les pays en développement – meurent en raison de la pollution de l’air des villes, principales zones touchées par la pollution atmosphérique. Parmi ces décès, on compte une majorité de personnes vulnérables comme les enfants, les personnes âgées, les personnes malades et les ménages à faible revenu ayant un accès limité aux soins de santé, qui sont plus sensibles aux effets préjudiciables de l’exposition à la pollution de l’air.

Des effets à court et long terme

Car la pollution de l’air a divers effets à court et à long terme sur la santé. De nombreuses études ont montré qu’elle accroissait le risque de maladies respiratoires aiguës (pneumonie, par exemple) et chroniques (cancer du poumon, par exemple) ainsi que de maladies cardio-vasculaires.

Les nouveaux travaux, menés conjointement par l’Université George Mason, l'Université Emory, le Georgia Institute of Technology et l'Université de Pittsburgh, et publiés dans le numéro de novembre d'Environnement International, ne sont guère plus encourageants, puisqu’ils concluent que l'exposition à des polluants tels que l'ozone troposphérique et les oxydes d'azote, résultant de la combustion de combustibles fossiles, conduisait à une augmentation du nombre de visites aux urgences.

Une analyse des polluants primaires et secondaires

Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont analysé la pollution dans cinq villes américaines : Atlanta, Birmingham, Dallas, Pittsburgh et Saint-Louis. Ils ont comparé les associations entre les visites de services cardiorespiratoires aux urgences et la présence des douze principaux polluants atmosphériques afin d'examiner les changements à court terme sur la santé, les taux de pollution variant quotidiennement.

« Nous avons constaté que les polluants primaires - ceux qui sont émis directement par une source, telle que les gaz d'échappement des voitures - étaient associés aux visites à l'urgence pour les maladies cardiovasculaires et respiratoires", explique Jenna Krall, auteure principale de l’étude "De plus, les polluants secondaires - ceux qui sont formés lors de réactions chimiques dans l'air - étaient liés aux visites aux urgences pour maladies respiratoires."

Une vaste étude de plusieurs polluants

Cette étude multiple est l’une des premières qui porte sur plusieurs polluants atmosphériques, notamment les gaz et les particules, ainsi que sur de multiples causes de visites aux services d’urgence, telles que l’asthme et les accidents vasculaires cérébraux. Il s'agit d'une étude plus vaste et plus complète que les travaux précédents, qui portaient généralement sur un polluant et plusieurs résultats pour la santé, ou plusieurs polluants et un résultat pour la santé.

"En fin de compte, cette recherche a des répercussions sur notre façon de penser aux futures réglementations sur la pollution, car la manière dont nous réglementons les polluants peut différer entre la pollution primaire et la pollution secondaire", explique Jenna Krall.

Les enfants asthmatiques en première ligne

Ces nouveaux travaux sur les conséquences de la pollution de l’air sur la santé respiratoire et cardiovasculaire font écho à une autre étude, publiée au mois d’octobre dans la revue Springer Nature. Selon les chercheurs qui l’ont menée, les enfants asthmatiques vivant dans des quartiers urbains pollués ont davantage besoin de soins médicaux d’urgence que ceux vivant dans des quartiers épargnés par la pollution atmosphérique.

Leurs recherches ont été menées de 2008 à 2011 à New York auprès de 190 enfants asthmatiques âgés de 7 et 8 ans. Ils ont aussi évalué les concentrations moyennes annuelles de dioxyde d'azote (NO2), de particules (PM2,5), de carbone élémentaire (CE), d'ozone (O3), de dioxyde de soufre (SO2) d'hiver, avant de se pencher sur les associations entre l'exposition à ces polluants et la recherche de soins urgents pour l'asthme.

Les résultats ont montré que tous les polluants, à l'exception de l’ozone, étaient plus élevés dans les zones présentant un nombre élevé de cas d'asthme que dans les zones où l'asthme était moins fréquent. Par ailleurs, l’équipe de chercheurs s’est aperçue que les enfants vivant dans des quartiers où l'asthme était plus courant et où les niveaux de pollution étaient également plus élevés avaient aussi plus souvent besoin de soins d'urgence. Ils souffrent aussi davantage de sifflements induits par l'exercice.