ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Levothyrox : des nanoparticules de métal retrouvées dans la nouvelle formule

Affaire Levothyrox

Levothyrox : des nanoparticules de métal retrouvées dans la nouvelle formule

Par Mégane Fleury

L’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) a fait analyser la nouvelle formule du Levothyrox. Des nanoparticules de métal ont été trouvées. Le laboratoire Merck dément formellement tout dépassement des seuils autorisés. 

ALLILI MOURAD/SIPA
MOTS-CLÉS :

Des alliages fer-chrome, chrome-nickel, fer-chrome-silicium, ferrochrome-aluminium. C’est ce que les médecins qui ont analysé la nouvelle formule du Levothyrox ont trouvé dans la nouvelle formule. Pour l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT), ces nanoparticules pourraient peut-être expliquer les effets secondaires ressentis par les malades. Il s’agit dans la plupart des cas de fatigue, de maux de tête, d’insomnie, de vertiges, de chutes de cheveux ou de douleurs articulaires ou musculaires. 

Des analyses menées sur l’ancienne et la nouvelle formule 

Ces résultats ont été présentés mercredi lors d’une conférence de presse, alors même qu'une réunion se tenait au ministère de la Santé pour clore le dossier sur ce médicament qui fait polémique depuis plusieurs mois. Dans l’ancienne version du médicament, quelques débris d’acier ont été trouvés. C’est le docteur Jacques Guillet qui a analysé des comprimés de l’ancienne et de la nouvelle formule au microscope et à la spectrométrie. "Pour nous il ne s’agit pas d’affoler les gens. Des nanoparticules, on en inhale bien plus en marchant dans les rues de Paris. Et on n’a pas mis là en évidence de lien de cause à effet", déclare-t-il toutefois. 

Le laboratoire Merck dément, l’ANSM tempère

"Qu'il s'agisse de l'ancienne comme la nouvelle formule, nous rappelons que l'analyse de l'ensemble des métaux lourds a été réalisée conformément à la réglementation en vigueur, et nous réaffirmons que tous ces contrôles se sont révélés conformes aux spécifications", a déclaré le laboratoire Merck (fabriquant et distributeur) dans un communiqué.

Pour le laboratoire, les seuils de métaux lourds seraient donc respectés dans cette nouvelle formule. L'Agence nationale de la sécurité du médicament avait déjà mené une étude en janvier sur le médicament et constaté la présence de traces de métaux. Elle rappelle cependant que "la présence de traces métalliques dans des produits de santé ne représente pas en soi un défaut de qualité ni un risque pour la santé dans la mesure où les concentrations sont inférieures aux seuils de sécurité établis par la communauté scientifique au plan international pour les médicaments". 

De nombreuses personnes sont venues manifester mercredi à Paris, en parallèle de la révélation des résultats de cette nouvelle étude. Chantal L’Hoir, présidente et fondatrice de l’AFMT, demande la "reconnaissance par les pouvoirs publics de cette crise sanitaire".

17 000 cas d’effets secondaires recensés

L’affaire du Levotyrox a commencé en juillet dernier, lorsque la formule du médicament a été changé. Cette modification a consisté à remplacer le lactose, qui enrobait l'hormone thyroïdienne, la lévothyroxine, pour en faire un comprimé, par du mannitol. Il avait été demandé par l’Agence de médicament (ANSM) afin de garantir la stabilité du produit dans le temps, ce qui n'était pas le cas avec l’ancienne formule. Ce changement doit d’ailleurs être étendu à l’ensemble de l’Europe.

Mais les malades ont ressenti des effets secondaires indésirables. Sur les 2,3 millions de malades traités en France, 17 000 cas d’effets secondaires ont été recensés. Au total, 5062 effets indésirables ont été classés comme graves et 14 décès ont été comptabilisés par l'ANSM, sans qu’un lien direct avec la nouvelle formule puisse être formellement établi. Selon le ministère de la santé, 500 000 personnes auraient abandonné la nouvelle formule du médicament. Une enquête administrative a été ouverte, en mars dernier, le procureur de la République de Marseille a ouvert une information judiciaire contre X pour "tromperie aggravée, blessure involontaire et mise en danger d’autrui".