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Des maux chroniques

Cerveau : quels sont les liens entre la nourriture et la douleur ?

Par Mégane Fleury

Les circuits cérébraux liés à la motivation et au plaisir peuvent être perturbés par la douleur, et cela peut modifier les comportements alimentaires. 

Goran13/istock
Une douleur est dite chronique dès lors qu'elle est persistante ou récurrente, et qu’elle nuit au bien-être et à la qualité de vie.
Elle peut avoir des effets sur une zone du cerveau, liée aux comportements alimentaires.
Cela pourrait expliquer pourquoi les personnes souffrant de douleurs chroniques sont plus à risque d'avoir des problèmes de poids.

La douleur fait souffrir, mais elle peut aussi faire grossir. Depuis longtemps, les scientifiques constatent des liens entre douleurs chroniques et prise de poids, mais les causes de cette association ne sont pas claires. Une équipe de recherche de l’université de Rochester aux États-Unis a travaillé sur le sujet. Leurs conclusions sont publiées dans la revue spécialisée Plos One.

Des variations selon l’endroit et la durée de la douleur 

Si nous ressentons du plaisir en mangeant, c’est parce que cela fait réagir notre cerveau. Cette réponse cérébrale a intrigué les chercheurs. Ils se sont basés sur deux desserts : un pudding et un autre à base de gélatine. Ils en ont modifié la texture, le taux de sucre et de graisse, puis ont ensuite testé les effets de ces aliments sur des personnes souffrant de douleurs. Les participants ayant ressenti des douleurs lombaires aiguës, qui se sont dissipées par la suite, étaient les plus susceptibles de perdre le plaisir de manger du pudding et de présenter des perturbations de la satiété, qui correspond à la communication entre le système digestif et le cerveau. Les personnes souffrant de douleurs lombaires aiguës dont la douleur persistait au-delà d’un an n'avaient pas ce même changement dans leur comportement alimentaire. Les patients ayant des douleurs chroniques dans le bas du dos ont signalé aux scientifiques que les aliments riches en graisses et en glucides, comme la crème glacée et les biscuits, devenaient problématiques pour eux. Des scanners cérébraux ont confirmé l’existence de troubles de la satiété.  

Le rôle du noyau accumbens

Tous les participants ont passé des examens cérébraux pour que les chercheurs puissent approfondir leurs connaissances des liens entre cerveau, alimentation et douleur. Les scintigraphies cérébrales, un type d’imagerie médicale, ont révélé que le noyau accumbens, une petite zone du cerveau connue pour son rôle dans la prise de décision, fournit des informations sur le risque de subir un changement du comportement alimentaire. Cette zone du cerveau était normale chez les personnes dont la douleur n'était pas devenue chronique. Chez ceux pour qui elle l'est devenue, le noyau accumbens était plus petit. Selon les auteurs, cela signifie que les mécanismes psychologiques liés à la douleur chronique peuvent modifier le comportement alimentaire d’une personne. "Ces résultats suggèrent que l'obésité chez les patients souffrant de douleur chronique n'est peut-être pas causée par un manque de mouvement, mais peut-être parce qu'elle modifie leur façon de manger", conclut Paul Geha.