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Préhistoire

Les lève-tôt auraient hérité de l'horloge biologique plus rapide des Néandertaliens

Par Chloé Savellon

Certaines personnes seraient porteuses de variantes génétiques des Néandertaliens qui augmenteraient leurs chances d'être du matin plutôt que du soir.

oatawa/iStock
Les Néandertaliens nous ont transmis une partie de leur patrimoine génétique.
Ce matériel génétique augmente notre propension à se réveiller tôt.
Le fait d’être une personne matinale est associé à une période raccourcie de l'horloge circadienne.

Notre sensibilité à la douleur, notre nez long et haut, notre couleur de peau… Nous avons hérité certains de nos traits et de nos caractéristiques des Néandertaliens. Une nouvelle étude a révélé que leur matériel génétique pourrait contribuer à la propension de certains aujourd'hui à être des personnes qui se lèvent habituellement de bonne heure. Afin de parvenir à cette conclusion, des chercheurs des universités Vanderbilt et de Californie (États-Unis) ont mené une étude, dont les résultats ont été publiés dans la revue Genome Biology and Evolution.

246 gènes circadiens analysés

Dans le cadre des travaux, ils se sont appuyés sur plusieurs faits montrant que les Néandertaliens ont vécu dans des environnements eurasiens, où les latitudes sont plus élevées et les heures de clarté plus variables, pendant des centaines de milliers d'années. Ainsi, ils auraient pu mieux s'adapter aux variations saisonnières de la lumière du jour que les premiers Homo sapiens ou les êtres humains modernes, qui ont évolué à des latitudes plus proches de l’équateur en Afrique, où il y a moins de variation des heures de lumière.

Afin de déterminer s’il existait des preuves génétiques de différences dans les horloges biologiques des Néandertaliens et des êtres humains modernes, les scientifiques ont défini un ensemble de 246 gènes circadiens grâce à des recherches et des connaissances d’experts. À l’aide de l’intelligence artificielle, ils ont mis en évidence 28 gènes circadiens contenant des variantes susceptibles de modifier l’épissage (soit un mécanisme de maturation de l'ARN) chez les Homo sapiens et 16 gènes circadiens probablement régulés de manière divergente entre les êtres humains actuels et les hommes archaïques. "Étant donné que les ancêtres des êtres humains modernes et des Néandertaliens se sont croisés, il était donc possible que certaines personnes aient obtenu des variantes circadiennes des Néandertaliens", ont expliqué les auteurs.

Néandertal : les variantes génétiques "introgressées" augmentent les chances d'être du matin

Pour en être sûr, l’équipe a exploré si les "variantes génétiques introgressées", c’est-à-dire qui ont été transmis par les Néandertaliens aux êtres humains modernes, étaient associées aux préférences en matière d’éveil et de sommeil. D’après les résultats, de nombreuses variantes introgressées avaient des effets sur les préférences en matière de sommeil. De plus, ces dernières augmentaient la propension à se réveiller tôt. "Ceci est cohérent avec les adaptations aux hautes latitudes observées chez d’autres animaux."

Selon les chercheurs, l’augmentation de la propension à se réveiller tôt chez l'Homme est associée à une période raccourcie de l'horloge circadienne. "La propension à être une personne matinale aurait pu être bénéfique sur le plan de l'évolution pour nos ancêtres vivant dans des latitudes plus élevées en Europe et aurait donc été une caractéristique génétique néandertalienne méritant d'être préservée", ont-ils conclu dans un communiqué.