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Chlorpromazine

Coronavirus : un antipsychotique pour guérir du Covid-19?

Par Raphaëlle de Tappie

Des chercheurs français sont en train de tester un antipsychotique du nom de chlorpromazine dans la lutte contre le Covid-19. Depuis le début de l'épidémie, on constate une "faible prévalence de formes symptomatiques et sévères" de la maladie chez les patients atteints de troubles psychiques. 

Jovanmandic/iStock

Depuis des années, les psychiatres prescrivent de la chlorpromazine pour traiter leurs patients atteints de schizophrénie et de troubles bipolaires. Aujourd’hui, des chercheurs français sont en train de tester cet antipsychotique dans la lutte contre le Covid-19, ont annoncé des médecins du groupe hospitalier universitaire (GHU) Paris psychiatrie & neurosciences dans un communiqué publié ce lundi 4 mai.

Car, "depuis le début de l’épidémie du Covid-19, les services de soins en psychiatrie constatent une faible prévalence de formes symptomatiques et sévères du Covid-19 chez les patients atteints de troubles psychiques" pourtant "à risque" (surpoids, troubles cardio-vasculaires), est-il expliqué. L’essai, la première étude mondiale sur le sujet, sera réalisé en partenariat avec l’Institut Pasteur et intitulé projet reCoVery.   

Au sein du pôle hospitalo-universitaire parisien du 15e arrondissement parisien, « alors qu’en moyenne 19% du personnel médico-soignant a contracté le covid-19, seuls 3 % des patients hospitalisés ont été dépistés positifs. Des retours similaires, témoignant également d’une faible occupation des unités COVID+ dédiées en psychiatrie, ont été rapportés de Chine, d’Italie, d’Espagne et d’autres hôpitaux de l’Hexagone », expliquent les scientifiques. 

Inhiber l'entrée du virus dans les cellules ? 

Ce n’est pas la première fois que des chercheurs s’intéressent à la chlorpromazine pour traiter un respiratoire. Des travaux in-vitro autour de la chlorpromazine ont déjà été menés en 2014 et 2018 sur le MERS-CoV et le SARS-CoV-1. Les scientifiques avaient alors remarqué que la chlorpromazine pourrait agir comme un inhibiteur de l’entrée du virus dans les cellules, aussi bien à des stades précoces que tardifs de l’infection. Récemment, l’Institut Pasteur a étudié les effets de ce médicament sur le nouveau coronavirus. Les résultats ayant confirmé son effet antiviral, l’étude entame donc un second volet, épidémiologique, au sein du GHU de Paris. 

Enfin, le troisième volet de l’étude se fera sous la forme d’un essai clinique randomisé de la chlorpromazine sur des patients hospitalisés à cause du Covid-19. Et les chercheurs de conclure : « Le premier traitement antipsychotique de l’histoire pourrait donc jouer un rôle clé dans la lutte contre la prolifération d’une pandémie. Une perspective aussi prometteuse sur le plan scientifique que puissante dans un registre plus symbolique, réconciliant le somatique et le psychique ».

Le premier antipsychotique 

La chlorpromazine est le premier médicament antipsychotique. Elle fut d’abord surnommée « lobotomie chimique » puis « camisole chimique » en raison de son effet narcotique. Elle possède un effet anxiolytique, hypnotique, antihypertenseur, antiémétique et anticholinergique et est aujourd’hui considérée dans me monde entier comme un antipsychotique typique. On l’utilise dans le traitement des psychoses aiguës et chronique comme la schizophrénie ou dans des certaines phases maniaques chez les personnes atteintes de troubles bipolaires. Il arrive également que des médecins la prescrivent dans le traitement de la porphyrie (maladie héréditaire se caractérisant par une sensibilisation anormale à la lumière), du tétanos ou de certains problèmes de croissance de l’enfant.