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Essai WINTHER

Cancer : un profilage complet de la tumeur offre de nouvelles options thérapeutiques pour les patients au stade avancé

Par Charlotte Arce

Pour la première fois, une équipe internationale de chercheurs a procédé à l’analyse complètes de l’ADN et de l’ARN de tumeurs cancéreuses. Très encourageants, leurs résultats pourraient fournir de nouvelles options thérapeutiques aux patients atteints d’un cancer de stade avancé et qui ne réagiraient pas aux traitements standards.

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Une nouvelle étape dans la lutte contre le cancer vient d’être franchie. Pour la première fois, des chercheurs ont dressé le profil génomique (ADN) et transcriptomique (ARN) de tumeurs cancéreuses. Publiés dans la revue Nature Medicine, les résultats de cette première étude du Consortium WIN et intitulée "essai WINTHER" démontrent la nécessité de procéder au profilage de l’ARN en plus des tests standards des mutations de l’ADN seuls afin de proposer aux patients atteints d’un cancer avancé une thérapie personnalisée, et donc plus efficace.

"La stratégie employée dans le cadre de WINTHER a permis d'obtenir une proportion plus élevée de patients traités que dans de nombreux essais médicaux de précision. Des études antérieures ont identifié des traitements potentiels pour entre 5 % et 25 % des patients, basés uniquement sur l'analyse de l'ADN", explique Richard L. Schilsky, Président du WIN Consortium et Directeur médical de l'ASCO. Aussi, ces résultats "représentent un pas important vers la réalisation de la véritable promesse de la médecine de précision en oncologie", affirme-t-il.

Un traitement personnalisé plus performant

Acronyme d’acide ribonucléique, l’ARN est une molécule biologique chimiquement proche de l’ADN se trouvant à l’intérieur des cellules. Elle intervient dans la transmission de l’information génétique qui régule les fonctions cellulaires, notamment les protéines synthétisées par les cellules.

Jusqu’ici, les traitements de précision en oncologie ne pratiquaient pas la transcriptomique, c’est-à-dire un test d’expression de l’ARN et se basaient uniquement sur le profilage ADN des tumeurs cancéreuses. Les chercheurs avaient pourtant constaté une expression accrue de l’ARN dans les tumeurs par rapport aux tissus sains.

Pour tester pour la première fois la transcriptomique, les chercheurs ont sélectionné 107 des patients inscrits à l’essai WINTHER. Ces derniers avaient déjà été lourdement prétraités : un quart d'entre eux ayant déjà reçu cinq traitements ou plus. Sur ces 107 patients traités, 69 ont reçu un traitement plus "standard" basé sur le profilage des mutations de l'ADN et 38 sur le profilage de l'ARN. Dans l'ensemble, l'étude WINTHER a réussi à faire correspondre le traitement personnalisé à 35 % des patients atteints d'un cancer avancé.

Dans cet essai, les patients ont d'abord été évalués pour déterminer s'ils présentaient des altérations ciblées des gènes responsables du cancer. Ceux qui n'ont pas été appariés à des médicaments basés sur des altérations de l'ADN ont alors reçu un traitement adapté aux différences d'expression génique entre les tumeurs des patients et les tissus normaux, évaluées à l'aide d'un algorithme. Ces comparaisons avec les tissus normaux se sont avérées essentielles en raison de l'expression très variable de l'ARN entre les patients et entre les types de tissus normaux. Les chercheurs de WINTHER ont alors pu montrer que l'expression de l'ARN peut être utilisée pour élargir les options thérapeutiques personnalisées pour les patients et que la biopsie tissulaire normale est sûre et bien acceptée par les patients.

Une survie globale médiane de 25,8 mois

Surtout, les chercheurs ont constaté que les patients qui ont reçu un traitement adapté de façon optimale à leurs altérations de l'ADN respectives, ou conforme à la recommandation de l'algorithme pour le traitement guidé par ARN, y ont mieux répondu que les autres. Leur survie globale médiane était de 25,8 mois, comparativement à 4,5 mois pour les patients n’ayant pas bénéficié d’un profilage complet de leur tumeur. "Il est important de noter que nos résultats montrent que les patients traités avec un médicament ou un schéma thérapeutique mieux adapté au profil moléculaire de leur tumeur s'en tirent mieux", souligne Razelle Kurzrock, co-responsable de l'étude WINTHER et directrice du Centre Moores de traitement personnalisé du cancer de l'UCSD.

"L'évaluation de l'ARN est un complément important de l'analyse de l'ADN pour déterminer les traitements de précision. WINTHER s'inscrit dans une nouvelle ère de la médecine personnalisée en oncologie", conclut Josep Tabernero, vice-président du consortium WIN.

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