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Chez l’enfant comme chez l’adulte

Epilepsie résistante : deux régimes atténuent les crises

Par Audrey Vaugrente

Peu de sucres, beaucoup de graisses… Des régimes, habituellement réservés aux adeptes de la minceur, sont aussi utiles pour stabiliser les épilepsies résistantes aux médicaments.

DAN JAMES/CATERS NEWS AGENCY/SIPA
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Les régimes ne servent pas qu’à entretenir une taille de guêpe. Certains bénéficient aussi aux personnes souffrant de maladie chronique. Le régime cétogène et le régime d’Atkins aident, par exemple, à atténuer les crises d’épilepsie. Ils sont d’autant plus importants que 20 à 30 % des épileptiques présentent des formes résistantes aux médicaments.

 

Les enfants plus souvent ciblés

Les régimes cétogènes ou d’Atkins modifiés sont utilisés depuis plusieurs années chez les enfants souffrant d’épilepsie pharmaco-résistante. Mais peu d’études ont évalué leur impact chez l’adulte: seules 14 ont été publiées.
Une nouvelle revue d’études, parue dans Neurology, s’est penchée sur la question. 5 études sur l’effet du régime cétogène ont été sélectionnées, 5 autres sur l’effet du régime modifié d’Atkins. Et si ce type de recherches est rare, c’est parce que suivre de tels régimes est extrêmement contraignant, explique le Dr Stéphane Auvin, neuropédiatre et épileptologue à l’hôpital Robert-Debré (Paris).

 

Ecoutez le Dr Stéphane Auvin, neuropédiatre et épileptologue : « En pratique, un enfant a ses parents, son entourage. L’adulte est soumis à une pression au quotidien, à son travail… »

 

Peu de glucides, beaucoup de graisses

Les deux régimes évalués possèdent des caractéristiques communes : ils sont pauvres en glucides et riches en graisses… mais aussi très contraignants. « Dans le régime cétogène, on supprime quasiment tous les sucres; la quantité de sucre quotidienne est égale à celle qu’on trouve dans deux morceaux de sucres. Le deuxième élément, c’est que tous les aliments doivent être pesés pour respecter un ratio entre les protéines, les graisses et les sucres », résume le Dr Auvin. Le régime d’Atkins est moins contraignant : une restriction en sucres existe, mais elle peut être augmentée si le régime s’avère efficace. Les patients n’ont pas besoin de peser les aliments, dont les proportions sont libres.

 

Dans le régime cétogène, « les quantités de chaque repas sont calculées, donc il faut tout manger, que vous ayez faim ou non. Et si vous avez encore faim, c’est tout,  cela a été calculé, on s’arrête là. L’avantage avec le régime modifié d’Atkins, c’est qu’il est plus libre : si on a encore faim, on en rajoute, si on n’a pas faim, on rattrapera sur le repas suivant », illustre Stéphane Auvin. Mais il reconnaît volontiers que ces régimes représentent un véritable bouleversement.

 

Ecoutez le Dr Stéphane Auvin : « Ce n’est pas une façon « bio » de soigner une épilepsie. C’est un bouleversement de la façon dont le corps utilise l’énergie, il faut le faire sous contrôle médical. »

 

Une réduction du npmbre de crises

« Ces études montrent que les régimes sont modérément à très efficaces en tant qu’option alternative pour les personnes épileptiques », analyse Pavel Klein, auteur de cette revue d’études. En effet, 32 % des adultes qui ont suivi le régime cétogène, 29 % de ceux qui ont pris le régime d’Atkins modifié ont vu leurs crises reculer de moitié. Ils étaient même 9 % dans le premier groupe, 5 % dans le deuxième, à constater une diminution de 90 %. 

 

Ecoutez le Dr Stéphane Auvin : « On ne sait pas quel est le mécanisme d’action, mais la réalité c’est que ça marche : un patient sur deux voit le nombre de crises divisé par deux. »

 

« Le régime est un traitement d’amélioration »

Des résultats positifs qui s’observent rapidement et durablement, à une seule condition : se tenir au régime. Or 51 % des patients du groupe « régime cétogène » et 42 % du groupe « Atkins » les ont abandonnés avant la fin de l’étude. Ces nombreuses contraintes justifient d’ailleurs un recours à cette option thérapeutique lorsque les autres traitements ont échoué. Sans compter qu’il ne s’agit pas d’un moyen de guérir l’épilepsie, mais bien de la stabiliser. « Le régime est un traitement d’amélioration de l’épilepsie et de la qualité de vie, mais l’objectif n’est pas forcément la guérison », insiste le Dr Auvin. « Bien entendu, on est toujours très content pour le patient et sa famille quand il y a une guérison ou une stabilisation complète mais cela reste un nombre plus limité que celui des patients améliorés. »

 

Ecoutez le Dr Stéphane Auvin : « Dans les formes d’épilepsie résistante qui peuvent être opérées, le régime peut permettre d’attendre l’opération avec moins de crises. »