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Mardi 30 septembre

Pharmaciens : les 3 raisons d'une grève

Par Arnaud Aubry

Près de 90 % des pharmacies resteront portes closes mardi 30 septembre.

Marisol Touraine, ministre de la Santé, dans une pharmacie début septembre - Crédits WITT/SIPA

Les pharmaciens ont décidé d'envoyer un message clair au gouvernement : ils sont tous unis et sont opposés aux mesures qu'il propose. Selon une enquête menée pour le Quotidien du Pharmacien, près de 90 % des titulaires se disent prêts à faire grève mardi 30 septembre, à l'appel des trois syndicats. Voici les différents motifs avancés par les pharmaciens pour expliquer leur mouvement.

Perte du monopole officinal
Le gouvernement envisage d’autoriser la vente des médicaments sans ordonnance en grande surface. C’est la raison principale du mouvement de grève des pharmaciens qui refusent de perdre le monopole officinal. Selon l’Inspection générale des finances (IGF), cette mesure pourrait faire baisser les prix de 10 à 20 %. Un argument que réfute l’Ordre des pharmaciens pour qui les médicaments sans ordonnance sont parmi les moins chers d’Europe, alors même que la plupart des pays européens ont déjà autorisé leur vente en dehors des pharmacies.

De son côté, l'IGF soulignait dans un rapport publié il y a peu que l'ouverture de la profession pourrait rendre aux Français 400 millions d'euros de pouvoir d'achat. Un chiffre que les pharmaciens démentent, dénonçant l'opacité de la méthode employée pour le calculer.

Surconsommation et absence de conseils 
Cette deuxième raison découle directement de la première. Vendre les médicaments sans ordonnance en grande surface risque de laisser penser qu’ils ne présentent aucun risque, estiment les opposants à cette ouverture du marché. Or, ce n'est pas parce que les médicaments sont vendus sans ordonnance qu'ils ne peuvent pas être dangereux. Une surconsommation de paracétamol peut être mortelle. Chaque année en France, les médicaments provoquent 12 000 décès et 120 000 hospitalisations. Ainsi, les syndicats de médecins se sont prononcés contre la vente des médicaments hors des pharmacies, estimant que la sécurité ne sera pas garantie dans les supermarchés.

L’ouverture des pharmacies à des capitaux extérieurs
Le projet du gouvernement serait de revoir les règles d’installation des officines, et d’ouvrir le capital des pharmacies à des investisseurs extérieurs. Or les chaînes n’iront s’installer que dans les commerces les plus rentables. De plus, si le monopole pharmaceutique volait en éclats, les conséquences pour les pharmacies rurales risquent d’être rudes. Selon l’Union des groupements de pharmaciens, cette mesure pourrait entraîner la fermeture de 4 000 pharmacies.