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Avis de la Commission médicale d’établissement

Soins à un Emir : l’accueil lucratif "ne peut jamais tout justifier"

Par la rédaction avec Audrey Vaugrente

L’accueil des riches patients étrangers, pas à n’importe quel prix. Le président de la Commission médicale d’établissement de l’AP-HP rappelle que les avis divergent sur la question.

LCHAM/SIPA
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« Gagner des sous ne peut jamais tout justifier, même quand on est dans le besoin », Loïc Capron, président de la Commission médicale d’établissement (CME) de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP). Cette instance, qui représente les médecins, prend position dans le débat sur l’accueil des riches patients étrangers au sein d’établissements publics.

 

L’accueil très critiqué d’un émir au sein de l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), révélé par Le Canard Enchaîné, a mis le feu aux poudres la semaine dernière. Le patient a réquisitionné et fait aménager début mai 9 chambres du service d’orthopédie de l’hôpital, pour une somme avoisinant les 200 000 €. L’annonce avait fait grimacer le secrétaire général du syndicat Sud de l’AP-HP : « C’est choquant, même s’il a payé : mettre à disposition un étage et permettre à une personne d’effectuer des travaux parce qu’elle est riche, ce n’est pas l’image de l’assistance publique », a commenté Jean-Marc Devauchelle.

 

L’opposition du "patron" des médecins de l'AP-HP

Loïc Capron a envoyé ce 19 mai un courrier à Martin Hirsch, président de l’AP-HP. Il y rappelle la position de la CME, « très divisée sur l’accueil lucratif des riches patients étrangers. Personnellement, j’ai toujours été opposé à ce qu’on leur réserve des conditions particulières de soins et d’hébergement », ajoute-t-il. « Cela va à l’encontre de ma conception du service public hospitalier. » Il réagit à l’interview accordée par Martin Hirsch au Journal du Dimanche. Le président de l’AP-HP y revendique un « côté Robin des Bois », qui permet à l’Assistance publique de poursuivre ses soins aux plus démunis.

 

Dans un communiqué co-signé par le Pr Bernard Granger, le Dr Nathalie de Castro et le Pr André Grimaldi, le Mouvement de défense de l’hôpital public (MDHP) s’est félicité du succès du « tourisme médical » en France. Il regrette, en revanche, que le surcoût des soins ne soit que de 30% : « Dans la mesure où ces patients ne participent pas au financement de notre système de santé, la facture des soins dont ils bénéficient doit être majorée au moins du double du tarif officiel. »