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Sanctions financières (GEMME)

Des sanctions pour les médecins opposés aux génériques

Par la rédaction avec Bruno Martrette

La sécurité sociale a annoncé qu'elle comptait sanctionner financièrement les médecins qui ne prescrivent pas assez de génériques. Cette déclaration intervient dans le cadre du plan global d'économies présenté par le gouvernement.

KROD/WPA/SIPA

 

Dans le cadre du plan global d’économies présenté récemment par le gouvernement, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait dévoilé en avant-première les mesures concernant le plan d’économies de l’Assurance Maladie. Dans cette liste, une nouvelle baisse de prix des génériques était souhaitée par la ministre. Pour le président de l'association « Générique même médicament », dite GEMME (1), Pascal Brière, cette proposition est « une déclaration de guerre. » Les industriels sont selon lui incapables de supporter économiquement une telle mesure. Comme suggestion pour faire des économies sur les dépenses de santé, ce patron du laboratoire Biogaran, spécialisé dans les médicaments génériques, opte pour une solution pour le moins radicale. Pénaliser les médecins qui ne prescrivent pas assez de génériques, c'est ce que propose cette association pour redynamiser un marché en berne.

Le marché du générique à l'arrêt
En effet, avec une baisse du marché du médicament générique de 2 % en volume et de 8 % en valeur sur le premier trimestre 2014, nul besoin de préciser que ce marché n'est pas au mieux de sa forme. Surtout qu'une baisse de 1 % de la part des médicaments génériques dans le marché pharmaceutique remboursé en volume a également été constatée. Une nouvelle fois ces industriels du médicament générique alertaient les pouvoirs publics des conséquences de l’absence de décision, autre que la pression répétée sur les prix, qui hypothèque les résultats du plan d’économies ! Malgré la place importante du médicament générique dans la politique de réduction des dépenses de santé, le marché français est encore sous-développé comparés à nos voisins européens.
Après un rattrapage du niveau de la substitution qui atteint un niveau très élevé grâce à l’implication des pharmaciens, ce recul s’explique par la prescription hors répertoire qui semble s’amplifier, notamment dans certaines aires thérapeutiques. Ainsi, la prescription de médicaments encore sous brevets et plus onéreux, donc hors Répertoire, a augmenté de 3,1 % dans le poids des dépenses en 2013. Or, dans bien des cas, il ne s’agit pas d’une prescription justifiée par l’état de santé du patient, mais d’un report des prescriptions de médicaments substituables vers des spécialités non inscrites au Répertoire des médicaments génériques : l’arrivée du CRESTOR et de l’INEGY parmi les 10 produits les plus vendus est à ce titre surprenante et emblématique !

Les objectifs de substitution pas encore atteints
Pourtant, la France reste en deçà de ses objectifs, les économies imputables aux génériques s'élèvent à 1,6 mds d'euros en 2013. Mais en septembre 2012, l’assurance maladie annonçait vouloir réaliser 2,2 milliards d'euros d'économie pour contenir la progression des dépenses de santé  en 2013.
L’une des pistes était d’augmenter le taux d’utilisation des génériques qui s'est stabilisé autour de 82 % en 2013.  Mais l’objectif de substitution par les pharmacies a été augmenté, et la barre à atteindre est désormais fixé à 85 %. Et les Cpam mettent la pression sur les pharmacies. Cet été, dans les Deux-Sèvres, un pharmacien a été sanctionné pour ne pas avoir délivré suffisamment de génériques. Dans cette affaire, les gérants de la pharmacie se défendent en expliquant que les médecins abusent de la mention « non substituable ». Un argument qui est souvent répercuté par les syndicats de pharmacies. C'est pour cette raison que le Gemme propose une sanction financière à l'encontre des médecins qui ne prescrivent pas assez de génériques

Sanctionner les médecins pour les inciter à prescrire des génériques 
"Nous somme totalement favorables à l'utilisation du générique parce qu'il est moins cher. Mais prescrire un médicament c'est beaucoup plus compliqué que regarder uniquement le prix du produit que vous prescrivez. répond le président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), Jean-Paul Ortiz contacté par la rédaction pourquoidocteur.
A ce titre il rajoute de façon cinglante  que le président du Gemme non seulement outre passe son rôle, mais surtout outre passe le respect qu'il doit avoir au prescripteur 

(1) L’association réunit 15 professionnels du médicament générique : ARROWBIOGARANCRISTERSDELPHARMEG LABO,H2PHARMAHOSPIRAMEDISRANBAXYSANDOZ,SUBSTIPHARMTEVA LABORATOIRES,VENIPAHRM,  ZENTIVA,ZYDUS,