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MICI

Les maladies inflammatoires de l'intestin peuvent augmenter le risque d'insuffisance cardiaque

Par Stanislas Deve

Les personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin auraient plus de risque de souffrir d'insuffisance cardiaque jusqu’à vingt années après le diagnostic.

Rattankun Thongbun / istock
Selon une étude menée en Suède, les personnes atteintes de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) ont un risque accru de 19 % de développer une insuffisance cardiaque jusqu'à vingt ans après le diagnostic.
Il apparaît que chez les frères et sœurs sans MICI des participants, le risque était "seulement" accru de 10 %, ce qui suggère que "la génétique et les facteurs environnementaux communs au sein des familles peuvent jouer un rôle".
Les MICI, à savoir principalement la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, due à une dérégulation du système immunitaire.

Au moins 200.000 personnes sont concernées en France. Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), à savoir principalement la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique, se caractérisent par l’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif, due à une dérégulation du système immunitaire intestinal.

Diagnostiquées le plus souvent entre 20 et 30 ans, ces maladies, déjà très handicapantes au quotidien, peuvent provoquer le développement de pathologies plus graves comme une sténose ou un cancer colorectal. Mais aussi de maladies pourtant loin des intestins, notamment cardiovasculaires : d’après une étude observationnelle publiée dans l’European Heart Journal, les personnes atteintes de MICI auraient notamment plus de chances de souffrir d'insuffisance cardiaque durant les années suivant le diagnostic.

Maladies inflammatoires de l’intestin et risque accru d’insuffisance cardiaque

L’étude en question nous vient de Suède. Les cas de maladies inflammatoires de l’intestin y sont fréquents, comme dans beaucoup de pays en Europe du Nord et de l’Ouest. Une équipe internationale de chercheurs de l’Institut Karolinska a analysé le risque d'insuffisance cardiaque chez plus de 80.000 patients atteints d'une MICI (maladie de Crohn, colite ulcéreuse, MICI non classifiée) par rapport à 400.000 personnes de la population générale, dans le cadre de la cohorte ESPRESSO (Epidemiology Strengthened by histoPathology Reports in Sweden).

Il est apparu que les personnes atteintes de MICI présentent un risque accru de 19 % de développer une insuffisance cardiaque (IC) jusqu'à vingt ans après le diagnostic, et ce, quel que soit le type de MICI. Cela correspond à un cas d’IC supplémentaire pour 130 patients atteints de MICI au cours de ces deux décennies. Sans surprise, le risque le plus élevé d’IC a été constaté chez les patients âgés, chez ceux ayant un niveau d’éducation modeste et chez ceux atteints d'une maladie cardiovasculaire préexistante au moment du diagnostic.

Le rôle de la génétique sur le risque d’insuffisance cardiaque ?

"Les soignants et les patients devraient être conscients de ce risque accru, et il est important que la santé cardiovasculaire soit correctement surveillée, affirme l'auteur principal de la recherche, Jiangwei Sun, dans un communiqué. Nous espérons que nos résultats sensibiliseront les professionnels de la santé à l'augmentation du risque d’IC chez les personnes atteintes de MICI, et contribueront à de nouvelles lignes directrices pour la prise en charge des maladies cardiovasculaires chez les patients atteints de MICI."

Les chercheurs ont également analysé le risque d’IC chez les patients atteints de MICI par rapport à leurs frères et sœurs sans maladie intestinale. Il apparaît que chez ces derniers, le risque était "seulement" accru de 10 %, ce qui suggère que "la génétique et les facteurs environnementaux communs au sein des familles peuvent jouer un rôle". "Nous ne savons pas s'il existe un lien de causalité, mais nous continuerons à explorer l'influence de ces facteurs, ainsi que le rôle des médicaments contre les MICI et du mode de vie sur le risque d’IC", concluent les auteurs de l’étude.