ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Covid, grippe... : pourquoi certains sont très malades et d'autres non ?

Génétique

Covid, grippe... : pourquoi certains sont très malades et d'autres non ?

Par Mathilde Debry

Covid, grippe... Voici pourquoi certains développent des maladies virales sévères et d'autres non. 

KatarzynaBialasiewicz / stock
Certains font des infections virales graves et d'autres non.
Des chercheurs viennent d'appréhender le mécanisme biologique qui sous-tend "la prédisposition à des maladies virales sévères".
Leur étude, parue récemment dans la revue Nature, se penche spécifiquement sur la production d’auto-anticorps neutralisant les interférons de type I.

Pourquoi certains font-ils des "grosses grippes" ou des "gros Covid" ? Des chercheurs français ont trouvé la réponse.

Plus précisément, ils ont appréhendé le mécanisme biologique qui sous-tend "la prédisposition à des maladies virales sévères", résument-ils dans un communiqué de presse. "Le laboratoire franco-américain de l’Institut Imagine et de l’Université Rockefeller, coordonné par le Pr Jean-Laurent Casanova et le Dr Laurent Abel, s’intéresse de longue date aux différences interindividuelles cliniques lors d’une infection, notamment par SARS-CoV-2 (Covid-19)", retracent aussi les scientifiques. 

Infections virales sévères : le rôle des interférons de type I

Leur étude, parue récemment dans la revue Nature, se penche spécifiquement sur la production d’auto-anticorps neutralisant les interférons de type I.

Les interférons de type I (IFN-I) sont un groupe de protéines produites de manière rapide par les cellules de l’organisme en réponse à une infection virale et qui ont pour principal effet d’inhiber la réplication du virus dans les cellules infectées.

Des autoanticorps (des anticorps s’attaquant aux propres tissus, cellules, ou molécules de l’organisme d’un individu) dirigés contre les IFN-I ont été identifiés chez environ 15 % des patients atteints de formes critiques de Covid-19, 5 % de grippe grave et 40 % des cas d'encéphalite à virus West Nile. "En neutralisant l’action des IFN-I, ces autoanticorps empêchent l’organisme de se défendre contre ces virus. Il est probable que ces autoanticorps soient la cause d’un grand nombre d’autres maladies virales" peut-on lire dans le rapport.

Ces autoanticorps sont présents dans la population générale (0,2 à 1 %), avec une fréquence qui augmente fortement au-delà de 70 ans, et sont trouvés chez jusqu’à 5 à 10 % des personnes âgées. Ainsi, au moins 100 millions d’êtres humains dans le monde sont probablement porteurs d’autoanticorps neutralisant les IFN-I.

Certaines maladies génétiques rares peuvent engendrer le développement de ces auto-anticorps. En effet, ils sont par exemple présents chez tous les patients atteints du syndrome héréditaire de polyendocrinopathie auto-immune de type 1 (APS- 1).

Infections virales graves : quelles implications de cette nouvelle recherche ? 

"Nos travaux contribuent à la compréhension des mécanismes moléculaires, cellulaires et immunologiques défectueux chez des sujets souffrant d’une infection virale grave. Ceci a été permis grâce à l’identification dans leur génome de mutations à l’origine d’une réponse immunitaire défectueuse. Dans le cas des infections virales, la détection d’autoanticorps neutralisant les IFN-I a des implications cliniques directes importantes pour le diagnostic, la prise en charge et le suivi des patients", jugent les scientifiques.

"L'augmentation observée de la présence de ces autoanticorps après l'âge de 70 ans est une autre question connexe, dont la compréhension des mécanisme sous-jacents bénéficiera de la recherche sur les causes génétiques responsables du développement de ces auto-anticorps", concluent-ils.