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Alimentation

Microbiote : tout se joue à l’enfance

Par Jean-Guillaume Bayard

La consommation durant l’enfance d’aliments trop gras et trop sucrés altère le microbiote à vie, même en cas d’adoption, plus tard dans la vie, d’un régime alimentaire plus sain.

diane39/iStock
Un régime alimentaire occidental à la petite enfance affecte le microbiome intestinal au moins jusqu’à 6 ans après la puberté.
Le régime alimentaire a plus d’effets durables sur le microbiote que l’exercice physique.

Le régime alimentaire pendant l’enfance est essentiel pour être en bonne santé toute sa vie. Des chercheurs américains de l’université de Californie – Riverside (UCR) ont constaté des modifications durables sur le microbiome intestinal ainsi que sur la durée de vie de l’alimentation chez les enfants. Ils ont présenté leurs travaux le 11 janvier dans le Journal of Experimental Biology.

Moins de diversité bactérienne

Adopter un régime alimentaire sain plus tard dans la vie ne permet pas d’inverser les effets néfastes d’une alimentation trop grasse et trop sucrée pendant l’enfance. Les chercheurs ont constaté une diminution significative du nombre total et de la diversité des bactéries intestinales chez des souris adultes plus âgées qui ont été nourries avec une mauvaise alimentation au début de leur vie.

Les recherches ont été menées sur des souris qui ont été répartis en 4 groupes, chacun suivant un programme particulier : l’un suivant un régime sain avec de l’exercice (une roue de course), l’autre avec le même régime mais sans exercice et les deux derniers groupes ont suivi un régime occidental (malbouffe) avec ou sans activité physique. Après 3 semaines, chacun des quatre groupes a repris un régime standard et sans pratique particulière de l’exercice - ce qui est normal pour des souris de laboratoire. Quatorze semaines plus tard, les chercheurs ont examiné la diversité et l'abondance des bactéries chez les animaux.

L’organisme fragilisé

Les résultats ont révélé une quantité de bactéries considérablement réduite dans le groupe régime occidental, notamment les Muribaculum intestinale, une bactérie anaérobie clé dans le métabolisme des glucides. Ces bactéries ont en revanche été repérées chez les souris nourries avec un régime sain qui ont eu accès à une roue de course mais réduites chez les souris soumises à un régime riche en graisses, qu'elles fassent de l'exercice ou non. Cette espèce de bactérie et la famille de bactéries à laquelle elle appartient pourraient influencer la quantité d'énergie disponible pour son hôte. L’exercice a également entraîné l’augmentation d'une espèce bactérienne très similaire dont seul l'exercice semble pouvoir augmenter la présence.

Cette recherche montre donc que le régime alimentaire a plus d’effets durables sur le microbiote que l’exercice physique. Bien que ces résultats aient été obtenus sur l’animal, les chercheurs estiment qu’ils peuvent être transposés chez l’Homme. “L’effet observé chez la souris suggère qu’un régime alimentaire occidental à la petite enfance affecte le microbiome intestinal au moins jusqu’à 6 ans après la puberté”, affirme Theodore Garland, auteur principal de l’étude. 

Ces résultats sont importants pour la santé puisque les populations bactériennes qui peuplent le microbiome intestinal stimulent le système immunitaire et contribuent à synthétiser les vitamines clés. Lorsque ce microbiome est fragilisé, ajoutent les chercheurs, l’organisme devient alors plus vulnérable aux maladies.