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Inflammation

Et si l’on pouvait prévenir et bloquer les crises d’asthme ?

Par Charlotte Arce

Le blocage de deux molécules immunitaires pourrait empêcher la réponse inflammatoire asthmatique aiguë et ainsi prévenir la survenue des crises d’asthme, révèle une nouvelle étude.

AntonioGuillem/iStock
Le blocage de deux molécules impliquées dans les crises d'asthmes, OX40L et CD30L, permettrait de diminuer le nombre de lymphocytes T dans les poumons.
Cela a entraîné une réduction de l'inflammation, mais aussi de la récurrence des crises d'asthme.

Touchant au moins 4 millions de personnes en France, l’asthme est une maladie inflammatoire chronique des bronches qui est responsable chaque année de 60 000 hospitalisations et de près de 1 000 décès.

Outre des épisodes transitoires de gêne respiratoire, l’asthme se caractérise principalement par la survenue soudaine d’une difficulté à respirer avec une respiration sifflante : c’est ce que l’on appelle la crise d’asthme. Les muscles de la paroi des bronches se contractent, un œdème avec un gonflement de la paroi interne de la bronche apparaît, ce qui réduit l’espace par où l’air peut passer : l’air, et donc l’oxygène ont alors du mal à parvenir jusqu’au poumon pour oxygéner le sang.

Bien qu’il existe aujourd’hui des inhalateurs et des médicaments à action rapide pour réduire l'inflammation pendant une crise d'asthme, les personnes asthmatiques disposent de peu d'outils pour empêcher la prochaine crise d'arriver, qu’elle survienne dans les heures, les jours ou les mois qui suivent.

Une découverte faite par des chercheurs de l'Institut d'immunologie La Jolla (Californie) pourrait les aider à mieux contrôler leurs crises d’asthme. "Nous avons trouvé un moyen de bloquer la réponse inflammatoire asthmatique aiguë, et nous avons constaté une forte réduction durable des exacerbations de l'asthme", confirme le Dr Michael Croft, professeur à l'Institut La Jolla et auteur principal de l’étude, publiée dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology.

Une réduction de l’inflammation

Avec ses confrères, le Dr Croft a découvert que le blocage simultané de deux molécules immunitaires pouvait prévenir les crises d'asthme chez les souris. Lorsqu'une personne allergique rencontre un déclencheur d'asthme, les lymphocytes T se multiplient dans les poumons et libèrent des molécules qui provoquent une inflammation.

Le blocage de deux protéines a été relevé par les chercheurs : celui de l'OX40L et du CD30L. Il s’agit de deux protéines de signalisation similaires au facteur de nécrose tumorale (TNF), une protéine qui est la cible de plusieurs médicaments approuvés par les agences sanitaires. Ces molécules sont régulées à la hausse par les allergènes et peuvent activer les lymphocytes T nocives qui provoquent l'inflammation dans l'asthme.

En suivant des souris rendues sensibles aux acariens présents dans la poussière domestique, les chercheurs ont montré que le blocage simultané de l'OX40L et du CD30L pouvait arrêter l'expansion et l'accumulation des lymphocytes T dans les poumons lors d'une attaque d'allergènes, ce qui entraînait ensuite une réduction de l'inflammation.

"La combinaison de l'élimination des deux séries de signaux a permis une forte réduction du nombre de ces cellules T pathogènes, alors que la neutralisation de l'une ou l'autre n'a eu qu'un effet relativement léger", détaille le Dr Croft, qui estime qu’il s’agit d’une "découverte assez significative".

Une diminution de la mémoire immunitaire

De plus, les chercheurs ont constaté que le blocage de ces deux molécules avait aussi réduit le nombre de lymphocytes T pathogènes restant dans les poumons après la crise d’asthme. Les souris ont donc réagi plus faiblement aux acariens de la poussière domestique pendant des semaines après le traitement initial. "Cela suggère que nous avons diminué la mémoire immunitaire de l'allergène", estime le Dr Croft.

Pour les chercheurs, ces nouveaux travaux suggèrent aussi que le traitement à long terme des maladies inflammatoires et auto-immunes pourrait nécessiter une approche de ciblage à plusieurs niveaux, en particulier lorsqu'on essaie de limiter le nombre de lymphocytes T pathogènes, qui sont les principaux moteurs de ces maladies. Ils recherchent donc de nouvelles molécules capables non plus de réduire les cellules T, mais de les éliminer.