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Étude dirigée par l'Institut Gustave Roussy

Cancer du poumon : une injection d'immunothérapie avant la chirurgie permettrait d'éliminer rapidement les cellules tumorales

Par Chloé Savellon

Un essai clinique français conduit par l'Institut Gustave Roussy a abouti à des résultats encourageants pour réduire le nombre de cellules tumorales grâce à une injection d'immunothérapie avant opération chez des patients atteints d'un cancer du poumon localisé. D’après les chercheurs, les injections ont permis d’éliminer 41% des cellules tumorales.

Réaliser une injection d’immunothérapie quelques semaines avant la chirurgie. C’est la méthode expérimentée par l’Institut Gustave Roussy sur des patients atteint de cancers du poumon de stade précoce et opérables. "L’idée est de faire apprendre au système immunitaire lorsque la tumeur est encore en place, comment s’en défendre et permettre ainsi d’éviter la récidive, dans le cas où il resterait quelques cellules tumorales après l’intervention", explique dans un communiqué Benjamin Besse, chef du département de médecine oncologique à Gustave Roussy 

Le traitement en question consiste en une injection unique d’atezolizumab, anticorps déjà utilisé dans le thérapie du cancer du poumon. Le principe est de l’administrer très peu de temps avant l’opération. La phase 2 de ’essai clinique dont il est question ici a été réalisée auprès de 30 patients (15 hommes et 15 femmes) âgés en moyenne de 64 ans et atteints d’une tumeur localisée appelée "cancer du poumon non à petites cellules" et dont le traitement de référence consiste à retirer la tumeur par la chirurgie. Tous ont reçu une unique injection de 1 200 mg d’atezolizumab 3 à 4 semaines avant la date prévue de leur opération.

À ce stade, le principal objectif de l’expérience était de s'assurer que ce mode de thérapie ne présentait pas de danger majeur pour la santé des patients. "En premier lieu, nous devions nous assurer que cette immunothérapie ne mettrait pas le patient en danger, ne provoque pas une perte de chance : qu’elle ne fasse pas progresser la tumeur, le rendant inéligible à une opération, qu’elle n’induise pas un décalage de l’opération de plus de 15 jours, n’entraîne ni effets secondaires graves, ni n’aggrave les complications potentielles de la chirurgie", précise le Pr Besse.

Aucun effet secondaire grave après l'opération

Tous les patients ont été opérés à l’hôpital Marie-Lannelongue, partenaire de Gustave-Roussy au sein de l’institut d’oncologie thoracique. Dans l'ensemble, l'essai a démontré des résultats satisfaisants, avec aucun effet secondaire grave dans les 2 mois suivant le traitement et très peu de complications post-opératoires (observées chez 23% des patients mais avec des symptômes peu sévères). Seul un patient a reçu une chirurgie incomplète, souligne l'étude.

Une fois les tumeurs retirées chez ces patients, des analyses ont été effectuées dans un laboratoire de Villejuif (Ile-de-France), afin de quantifier le nombre de cellules cancéreuses qui avaient persisté après l'injection d'immunothérapie.

"Nous avons eu la bonne surprise de découvrir que plus de 50% des cellules tumorales avaient été détruites par le système immunitaire chez 41% des patients. Et ce alors que le traitement n’avait été administré que peu de temps auparavant, dans un délai médian de 24 jours", s’enthousiasme le Pr Besse.

Prochaine étape : établir un groupe de contrôle de 30 patients qui seront opérés d’un cancer du poumon localisé, sans recevoir d’injection d’atezolizumab au préalable. Ce procédé permettra aux médecins de comparer les deux méthodes et de comprendre quelles cellules immunitaires sont mobilisées par l’immunothérapie.