ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Des chercheurs d’Harvard plaident pour des “mauvais tests” pour dépister la Covid-19

Coronavirus

Des chercheurs d’Harvard plaident pour des “mauvais tests” pour dépister la Covid-19

Par Jean-Guillaume Bayard

Des chercheurs d’Harvard réclament le développement de tests faits maison, similaires à un test de grossesse, pour permettre de multiplier les dépistages. S’ils ne sont pas les plus fiables, ils permettent de dépister les personnes les plus contagieuses.

Rawpixel/iStock
Les tests sont réalisés à partir d’une bandelette de papier qui changerait de couleur en un quart d’heure.
Ils ne coûtent qu'environ un dollar seulement.
L'agence américaine du médicament (FDA) n'a pas encore autorisé la mise sur le marché de ces tests.

Dans la lutte contre le coronavirus, tous les moyens sont bons. Des chercheurs de l’université d’Harvard aux États-Unis plaident pour accélérer et multiplier les tests de dépistage. En ce sens, ils militent pour le développement de tests faits maison, qui ressemblent à des tests de grossesse et qui ne coûtent qu’environ un dollar. À partir d’une bandelette de papier qui changerait de couleur en un quart d’heure, ils donnent rapidement un résultat. Si leur fiabilité reste douteuse, ils permettent au moins de mettre le doigt sur les plus gros contagieux.

Des tests peu coûteux…

La méthode actuelle de dépistage de la Covid-19 consiste en des tests moléculaires de haute précision (les tests PCR) qui restent encore trop rares dans une large partie des États-Unis. C’est pour combler ces manques que Michael Mina, professeur d’épidémiologie à Harvard, milite depuis des semaines pour ce qu’il a appelé des tests de mauvaise qualité. Pour autant, ils sont loin d’être inutiles puisqu’ils permettraient d’identifier bien plus de cas qu’actuellement. “Nous sommes tellement attachés aux tests haut de gamme et chers que nous ne testons personne, a déploré Michael Mina récemment dans le podcast This Week in Virology. Peut-être n’avons-nous besoin que d’un test nul. S’il n’est pas cher au point de pouvoir être utilisé fréquemment, alors il détectera peut-être 85% des gens contagieux, au lieu de moins de 5%”.

L’autre point fort de ces tests est leur coût : environ un dollar seulement. Cela permet de pouvoir en acheter plusieurs et se faire dépister plusieurs fois par semaine. Étant donné leur efficacité sur les personnes les plus contagieuses, au début de l’infection, ils permettraient ainsi de mieux anticiper et d’éviter au maximum les contaminations. “Ces tests ne sont pas si nuls, a estimé le directeur de l’institut de santé global d’Harvard, Ashish Jha. Quand on est très contagieux, et qu’on a beaucoup de virus dans la gorge et ailleurs, le test s’améliore beaucoup. D’un point de vue épidémiologique, c’est exactement le moment où on veut détecter les gens”.

…pas encore autorisés

L’inefficacité actuelle des tests fait que neuf cas sur dix sont loupés selon les estimations des Centres de lutte contre les maladies. Cela s’explique par le fait que trop peu de personnes se font dépister en raison du coût et des files d’attente parfois interminables devant les lieux de dépistage. L’agence américaine du médicament (FDA) n’a encore autorisé aucun de ces tests faits maison. “Je crains que notre gouvernement fédéral ne soit bloqué dans un schéma de pensée insensé pour cette pandémie”, a regretté Ashish Jha.