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Risques

Fibrillation auriculaire : les médicaments favoriseraient chutes et évanouissements

Par Raphaëlle de Tappie

Les médicaments prescrits aux patients atteints de fibrillation auriculaire augmenteraient les risques de chutes et d'évanouissements, révèlent des chercheurs danois. 

Toa55/iStock

A partir d’un certain âge, tomber ou perdre connaissance peut avoir des conséquences sérieuses pour la santé. Parmi les seniors qui s’évanouissent régulièrement, on retrouve ceux souffrant de fibrillation auriculaire. Cette dernière survient quand la partie supérieure du cœur se contracte rapidement et de manière irrégulière. Cette condition peut être continue ou occasionnelle et représente le trouble le plus fréquent du rythme cardiaque. Elle concerne 3 à 5% des personnes âgées de plus de 65 ans.

Pour contrôler la fréquence cardiaque de leurs patients, les spécialistes leur préscrivent souvent des médicaments à long terme. Toutefois, ces derniers pourraient augmenter le risque de chutes ou d’évanouissements, d’après une étude parue le 24 juillet dans le Journal of the American Geriatrics Society.

A partir de données nationales, des chercheurs danois ont identifié des patients âgés de 65 à 100 ans atteints de fibrillation auriculaire. Ils ont ensuite étudié les dossiers de 100 953 personnes de 65 ans ou plus à qui on avait prescrit des médicaments pour réguler le rythme cardiaque.

L'Amiodarone en cause 

Puis, ils ont regardé qui s’était rendu à l’hôpital pour pour évanouissements et/ou blessures liées à une chute. Au cours des deux ans et demie de l’étude, 17% des participants se sont blessés en tombant, 5,7% se sont évanouis et 20,9% ont souffert d'une blessure résultant d’une chute ou d’un évanouissement, note l’étude.

Dans le détail, le médicament le plus lié aux chutes était l’antiarythmique Amiodarone, qu’il soit prescrit seul ou combiné avec d’autres médicaments pour le rythme cardiaque. La Digoxine était quant à elle légèrement associée avec des blessures résultant d’une chute. Autre observation intéressante : les patients avaient plus de risques de se blesser dans les 90 premiers jours du traitement, particulièrement au cours des deux premières semaines.  

"Nos résultats ajoutent une preuve que pour les patients âgés souffrant de fibrillation auriculaire, le traitement avec de l’Amiodarone est associé avec un risque important de blessures liées à des chutes et des évanouissements", expliquent les chercheurs. En effet, cela fait déjà longtemps que le lien entre médicaments pour traiter la fibrillation auriculaire et chutes est suspecté.

750 000 Français souffrent de fibrillation auriculaire

Qui plus est, le lien avec l’Amiodarone est plus important dans les deux premières semaines du traitement mais toujours présent après un traitement à long terme, note l’étude. Ainsi, être informé sur les risques divers d’un traitement est crucial afin que le médecin et le patient puissent décider ensemble du meilleur soin possible, concluent les chercheurs.  

En France, à l’heure actuelle, 750 000 personnes souffrent de fibrillation auriculaire. Et avec le vieillissement de la population et l’augmentation de l’espérance de vie, ce chiffre n’est pas prêt de diminuer.

D’après le site de l’Assurance maladie, une consommation excessive d’alcool, une prise de drogue, une intervention chirurgicale ou une activité physique intensive abusive peuvent favoriser cette maladie. On remarque également que la fibrillation auriculaire survient plus souvent chez les personnes atteintes d’hypertension artérielle, de maladie des artères coronaires, d’hyperthyroïdie, d’une maladie rénale chronique ou encore d’apnée du sommeil. Enfin, sans surprise, le syndrome métabolique (obésité, diabète, dyslipidémie) constitue un facteur de risque non négligeable.