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Lanceur d'alerte

Prothèses mammaires : la marque Allergan associée à 50 cas d'un cancer agressif et rare

Par Mathilde Debry

Christian Marinetti, le lanceur d'alerte du scandale PIP, accuse le modèle de prothèses mammaires texturées Biocell, de l'Américain Allergan, de provoquer un cancer rare et très agressif : le lymphome anaplasique à grande cellules. Des soupçons qui ne datent pas d'hier. 

BranislavP / istick

Christian Marinetti, le lanceur d'alerte du scandale PIP, reprend du service. Sur France Info, ce chirurgien-plasticien et esthétique marseillais accuse le modèle de prothèses mammaires texturées "Biocell", de l'Américain Allergan, de provoquer des lymphomes anaplasiques à grandes cellules.

Le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) est un lymphome non-Hodgkinien à cellules T périphériques. C’est un cancer rare et agressif, affectant les ganglions lymphatiques et les organes. "Surveillons, encore de plus près que les autres, les patientes ayant des Biocell. Comme pour un médicament, les prothèses ont des effets secondaires. Celui-là est grave, mais rare. Le risque est faible, mais maintenant que nous le connaissons, nous sommes obligés d'en tenir compte", estime le spécialiste.

Cinq décès

50 cas de lymphome anaplasique à grandes cellules ont été associés aux implants mammaires (LAGC-AIM) déclarés à l’ANSM entre 2011 et juillet 2018. Parmi ces 50 patientes, cinq sont décédées, dont trois en lien avec une progression du LAGC. Pour les deux autres patientes, l’imputabilité reste incertaine. La moyenne d’âge des patientes au moment du diagnostic était de 58,4 ans (minimum : 29 ans ; maximum : 83 ans). La durée moyenne d’implantation entre la dernière prothèse mammaire implantée et le diagnostic du LAGC est de 7 ans, avec un minimum de 3 mois et un maximum de 25 ans d’implantation sur la dernière prothèse mammaire.  

"Celle qui donne le plus de problèmes de lymphome, c'est la Biocelle d'Allergan", explique Christian Marinetti. Son aspect granuleux, conçu pour mieux adhérer au sein, serait à l’origine des lymphomes. "Elle a permis à des tas de femmes qui ont eu un cancer du sein, qui ont été amputées du sein, de retrouver une apparence physique normale", nuance cependant le lanceur d’alerte, qui n’envisage pas de proscrire ces implants mammaires. Ce sera aux chirurgiens "d'évaluer sur le terrain quels sont les avantages ou les inconvénients d'utiliser tel ou tel type d'implant dans l'intérêt du patient", précise-t-il.

Maladies auto-immunes et cancers de la peau

Les soupçons envers les produits de marque Allergan ne datent pas d’hier. C’est en mars 2015 que l’Institut national du cancer (INCa) et l’ANSM ont levé ce lièvre. En juillet 2016, 29 cas de lymphomes associés aux implants mammaires avaient déjà été signalés en France. Une toute récente étude publiée dans Annals of Surgery indique d’ailleurs que les femmes ayant des implants mammaires en silicone ont plus de risques de développer des maladies auto-immunes et des cancers de la peau.

Ici, les chercheurs ont analysé les données médicales de près de 100 000 femmes. Plus de 80 000 ont reçu des implants en silicone ; les autres ont eu des implants remplis de solution saline stérile. Comparativement à la population générale, les femmes recevant des implants en silicone ont un risque accru de développer des maladies auto-immunes. Le syndrome de Gougerot-Sjögren, dont le risque est environ huit fois plus élevé, la sclérodermie, dont le risque est sept fois plus élevé et la polyarthrite rhumatoïde, dont le risque est environ six fois plus élevé. Le risque de mélanome, un type grave de cancer de la peau, est aussi presque quatre fois plus élevé, tout comme le risque de mortinatalité (4,5 fois plus élevé). Ces maladies auto-immunes sont classiquement également associées à un sur-risque de lymphome.

Complications chirurgicales

Comparativement aux implants remplis de solution saline, les implants en silicone sont également liés à un risque plus élevé de complications chirurgicales. Il s'agit notamment d'une rétraction capsulaire (cicatrice autour de l'implant), qui se produit avec 5% des implants en silicone, contre 2,8 % avec les implants remplis de solution saline. La rétraction capsulaire s'est produite dans 7,2% des cas d'augmentation mammaire primaire et a été la raison la plus courante de ré-intervention dans ce groupe.

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