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Nouvelle étude

Calculs rénaux : la prise d'antibiotiques par voie orale en augmente le risque

Par Chloé Savellon

Une nouvelle étude révèle que les personnes traitées par certains antibiotiques pris par voie orale auraient plus de risques de développer des calculs rénaux. Les enfants et les adolescents sont les plus exposées.

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Pour la première fois, une étude publiée dans le Journal of the American Society of Nephrology met en exergue un lien entre les antibiotiques et les calculs rénaux.

Les calculs rénaux (ou coliques néphrétiques) sont des dépôts minéraux en forme de cailloux qui peuvent se former dans l'un ou l'autre ou dans les deux reins. Ils ne causent habituellement pas de dommages importants, mais peuvent se révéler très douloureux s'ils sont trop gros pour passer à travers les voies urinaires.

Une maladie fréquente et douloureuse

En France, près de 10% de la population souffre ou souffrira de calculs rénaux. Alors que la maladie touchait principalement les hommes il y a quelques années (2,7 hommes pour 1 femme), la gent féminine est presque deux fois plus concernée aujourd’hui (plus que 1,6 homme pour 1 femme). L'augmentation de cette prévalence concerne également les adolescents.

"Les raisons de cette augmentation sont inconnues, mais nos résultats suggèrent que les antibiotiques oraux jouent un rôle, surtout si l'on tient compte du fait que les enfants se voient prescrire des antibiotiques à des taux plus élevés que les adultes", soulignent les auteurs de l'étude.

Enfants et adolescents sont les plus touchés

Pour parvenir à ces conclusions, les chercheurs ont analysé les dossiers de santé électroniques de 13 millions d'adultes et d'enfants au Royaume-Uni qui ont consulté leur médecin entre 1994 et 2015. Les données comprenaient les antécédents de traitement de 26 000 personnes souffrant de calculs rénaux, que l'équipe a comparé aux dossiers de santé de près de 260 000 personnes qui n'avaient pas développé de calculs rénaux (les témoins)..."

Les analyses ont révélé que plusieurs types d'antibiotiques oraux - plus précisément, les sulfamides, les céphalosporines, les fluoroquinolones, la nitrofurantoïne et les pénicillines à large spectre - étaient liés à un risque accru de calculs rénaux. Même en tenant compte de facteurs tels que "l'âge, la race, le sexe, l'infection urinaire, les autres médicaments et d'autres conditions médicales, le risque accru demeure important", expliquent les scientifiques. 

Ceux qui ont reçu des antibiotiques de type sulfamides étaient deux fois plus susceptibles que les personnes du groupe témoin de développer des calculs rénaux, tandis que les personnes qui ont reçu des pénicillines à large spectre étaient 27% plus susceptibles de développer des calculs rénaux. L'association s'est révélée être la plus forte chez les enfants et les adolescents.

Modifier les habitudes de prescription

Ce risque de développer des calculs rénaux reste élevé même plusieurs années après que les participants ont été soignés aux antibiotiques, même si les chercheurs ont constaté que ce risque diminuait avec le temps. D'autres études ont révélé que 30% des prescriptions d'antibiotiques étaient jugées inappropriées, soulignent les auteurs de l'étude.

Les scientifiques considèrent que leurs conclusions devraient éclairer les décisions des médecins lorsqu'ils envisagent de donner des antibiotiques aux enfants et aux adolescents, qui sont les patients à qui on prescrit le plus souvent ces médicaments.

"Nos résultats suggèrent que les pratiques de prescription d'antibiotiques représentent un facteur de risque auquel on peut remédier", explique le Dr Gregory E. Tasian, auteur principal de l'étude. "Un changement dans les habitudes de prescription pourrait réduire l'épidémie actuelle de calculs rénaux chez les enfants," ajoute-t-il.

Les scientifiques vont désormais élargir leurs recherches afin de mieux comprendre comment les modifications du microbiome augmentent le risque de développer des calculs rénaux.