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Coordination Nationale Infirmière

Infirmières : Marisol Touraine déprime la profession

Par Léa Drouelle

En réaction à l'annonce du montant de la revalorisation de la prime de nuit initiée par Marisol Touraine, la CNI dénonce un cynisme et un dédain à l'égard de la profession.

ISA HARSIN/SIPA

« La revalorisation de la prime de nuit vient d'être annoncée par le ministère de la santé ainsi que les moyens alloués à la prévention des risques psychosociaux. Qu'il est difficile de trouver les mots pour réagir... sans perdre son calme ! », s'est offusquée Nathalie Depoire, présidente de la Coordination nationale infirmière (CNI), dans un communiqué publié jeudi.

Cette réaction fait suite à la décision de la ministre de la santé Marisol de revaloriser la prime de nuit des infirmiers- une mesure fortement revendiquée de la CNI- à hauteur de 1,50 € net pour 10h de travail (soit 15 centimes de l'heure). « Il ne s'agit pas d'une erreur de frappe », s'afflige la CNI, qui prend la nouvelle «comme
 un grand coup de massue, au sens propre du terme, sur la tête des soignants ».

 

"C'est une blague ?"

La CNI dénonce également une mesure ambiguë et inégalitaire qui va à l'encontre des personnels des services d'urgence ou de soins critiques alternant des horaires de travail entre jour et nuit, exposés à des rythmes de travail contraignants.

« 
Avec cette mesure, le gouvernement entend mieux valoriser les sujétions liées aux cycles de travail nécessaires à la prise en charge des patients H24… Pardon ? Mieux valoriser ? Avec 1,50€ par nuit travaillée, c’est une blague ? Cette aumône va concerner, au mieux, 23 100 agents soit environ 3% des soignants en France… D’ailleurs, en pratique, comment peut-on attribuer 2 tarifs de nuit différents ? La CNI reste dubitative sur l'application de cette surprime et sur ses critères d'attribution. »

 

30 millions d'euros alloués sur 3 ans

Concernant la prévention des risques psychosociaux dans l'exercice de la profession d'infirmier, le gouvernement a proposé d'allouer 30 millions sur 3 ans pour la création ou le renforcement des services de santé au travail pluridisciplinaires (médecins, infirmières, psychologues, assistants sociaux, conseillers en prévention des risques professionnels).

Là aussi, cette mesure apparaît plus que discutable aux yeux de la CNI. « Après un bref calcul et sur la base de 1000 structures publiques de santé en France (sans compter les EHPAD), cela fait 10 000€ en moyenne par établissement et par an… tout au plus quelques boites de mouchoirs, snif ! » 

La CNI conclut par une note cinglante à l'encontre de la ministre de la santé : « la Ministre n’aura pas su, ni voulu, entendre la souffrance des soignants… Absence de considération, cynisme et dédain, l’attitude de Marisol Touraine au ministère de la Santé aura été finalement assez constante pendant ces 5 ans de supplice… 5 ans interminables. Que de violences, que de souffrances et au final, que d’insultes, pour des soignants qui auraient juste aimé être traités avec dignité ! »

En début d'année, 14 organisations syndicales d'infirmiers (salariés, libéraux et étudiants) -dont la CNI- se sont réunis sur le parvis de la Gare Montparnasse. À peu près 200 infirmiers s'étaient mobilisés pour faire grève afin de dénoncer des conditions de travail dégradées et un «mépris» de la part du gouvernement.