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A cause des pesticides

Parkinson : les riverains des terres agricoles plus exposés

Par Olivier Giacotto

Les personnes qui ne sont pas exposées aux pesticides dans leur cadre professionnel seraient, comme les agriculteurs, plus exposés à la maladie de Parkinson.

phb.cz/epictura

De nombreuses études ont déjà décrit la relation entre l'exposition professionnelle aux pesticides et la survenue de la maladie de Parkinson chez les agriculteurs et les travailleurs agricoles.

Mais une équipe de l'Inserm communique ce mercredi sur l'impact d'une exposition non professionnelle à ces composés. En collaboration avec Santé publique France, ces chercheurs français (1) ont étudié le nombre de nouveaux cas diagnostiqués en fonction de l'importance de l'activité agricole dans chaque canton français, utilisée comme indicateur de l’utilisation de pesticides.

Les zones viticoles les plus à risque 

Leurs conclusions sont claires : l'incidence de la maladie de Parkinson serait d'autant plus élevée que les activités agricoles sont développées localement. « Plus cette dernière est élevée, plus le nombre local de cas est important. Et avec certaines cultures, comme la viticulture, l’association semble plus prononcée », précise dans un communiqué Alexis Elbaz, qui a dirigé l'étude. Elle augmentait l'incidence locale de la maladie d’environ 10 %.

« La relation entre l'activité viticole et la maladie de Parkinson est plus marquée chez les plus de 75 ans, en comparaison des sujets plus jeunes, quelle que soit la population analysée », développe par ailleurs le chercheur.
Comme hypothèse, il suggère que les personnes les plus âgées ont peut-être été exposées plus longtemps que les autres, notamment à des pesticides toxiques qui sont aujourd'hui interdits.

L'épidémiologiste Alexis Elbaz estime aussi possible que le poids des facteurs environnementaux soit plus important après 75 ans, tandis que la susceptibilité génétique pourrait jouer un rôle plus important pour les cas survenant chez les plus jeunes.

Des résultats à confirmer 

Cette nouvelle association avec une augmentation de l'incidence de la maladie de Parkinson est cependant à prendre avec des pincettes, admet l'équipe. « Un sur-risque modéré pourrait exister, mais il faudrait pouvoir le confirmer par des études conduites à partir de données individuelles et non pas, comme ici, de données groupées par canton », reconnaît Alexis Elbaz.

Enfin, le scientifique souhaiterait mener des travaux pour évaluer les pesticides les plus à risque : « Les modes d’épandage, les produits utilisés et leur quantité dépendent des types d'activité agricole. On dispose souvent de données sur la toxicité aigüe des produits chimiques, mais celles concernant leur neurotoxicité font souvent défaut ».
Un travail en ce sens permettrait peut-être d'écarter les composés les plus à risque pour la population d'agriculteurs, comme la population générale...

(1) CESP (unité 1018 Inserm/Université Paris-Sud/Université Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), Hôpital Paul brousse, Villejuif ; Santé publique France, Direction Santé travail, Saint-Maurice

Parkinson et les agriculteurs 

La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative dans laquelle une population spécifique de neurones est progressivement détruite, conduisant à un tableau de symptômes spécifiques (tremblement, lenteur et troubles de la coordination des mouvements…).

Des travaux conduits sur des cellules et des modèles animaux ont en partie permis de décrypter les mécanismes par le biais desquels les pesticides favorisent la neurodégénérescence. Grâce aux données toxicologiques et épidémiologiques, la maladie de Parkinson est désormais inscrite au tableau des maladies professionnelles chez les agriculteurs en France.