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Herbicide

Glyphosate : la Commission européenne reporte son vote

Par Julian Prial

Les Etats de l'UE ont refusé de prolonger de façon temporaire l'autorisation du glyphosate, un herbicide mis au point par Monsanto.

XAVIER VILA/SIPA

Le célèbre herbicide glyphosate, classé parmi les « cancérigènes probables » pour l’homme, continue de susciter la controverse en Europe. Les représentants des 28 Etats membres de l'UE, réunis en comité d'experts, ne sont pas parvenus ce lundi à former une majorité convaincante en faveur d'une prolongation temporaire de l'homologation de ce produit « courant mais aux effets sur la santé controversés », a indiqué la Commission.

Cette dernière a indiqué, par ailleurs, qu'elle allait étudier ses options pour la suite au niveau politique. « Il n'y a pas eu de majorité qualifiée », a simplement affirmé un porte-parole de l'exécutif européen, Alexander Winterstein, rapporte l'Agence France Presse (AFP). La Commission européenne proposait de prolonger de 12 à 18 mois, sous conditions, l'autorisation du glyphosate sur le territoire de l'UE, qui expire le 30 juin.

Vers un vote en comité d'appel

Selon une source européenne citée par l'AFP, 20 Etats membres ont donné leur accord, un a voté contre, et les autres se sont abstenus. Pour être adopté à la majorité qualifiée, le vote devait être approuvé par 55 % des participants, représentant 65 % de la population de l'UE. L'échec de ce vote intervient après deux précédentes réunions sans décision en mars et en mai, et scelle la tension grandissante entre la Commission et les Etats membres sur le sujet. 
« Chacun doit prendre ses responsabilités », a souli ce lundi M. Winterstein .« Il n'est pas possible de se cacher derrière la Commission », a-t-il ajouté, visant les Etats membres.

La réglementation européenne prévoit qu'en cas d'absence de majorité qualifiée, le sujet puisse passer en comité d'appel. Composé de représentants des pays de l'UE et présidé par la Commission, ce comité suit les mêmes règles de vote qu'en première instance.
Il s'agit, selon les règles communautaires, de permettre aux pays de l'UE « d'avoir une deuxième discussion à un niveau de représentation plus élevé ». D'après l'AFP, Bruxelles n'a pour le moment pas confirmé cette saisine. Mais le sujet est d'ores et déjà à l'ordre du jour de la réunion hebdomadaire des commissaires européens prévue mardi, « et là on verra ce qu'on fait », a précisé Alexander Winterstein.

 

La France contre le renouvellement 

Du côté des votants, des sources européennes ont indiqué que l'Allemagne, notamment, s'est abstenue. La ministre française de l'Environnement Ségolène Royal avait de son côté fait savoir sur Twitter le 1er juin que Paris « ne votera(it) pas la proposition de Bruxelles ». Marisol Touraine, ministre de la Santé, était même allée jusqu'à dire que, si une telle décision est adoptée, la France ne l'appliquera pas. « Indépendamment des débats sur le caractère cancérigène ou non du glyphosate, nous considérons, et les études nous nous disposons le montrent, que c'est un perturbateur endocrinien », soulignait-elle.

Enfin, les défenseurs de l'environnement se sont réjouis de la tournure des évènements prise ce lundi. « Monsanto pensait qu'obtenir la permission d'inonder l'Europe de glyphosate pour 15 années supplémentaires allait être une formalité. Mais le public s'est massivement mobilisé et, les uns après les autres, les pays européens ont rejoint la fronde contre ce produit », a réagi Ricken Patel, président d'Avaaz, un mouvement citoyen international. 
Pour rappel, le glyphosate se retrouve dans les pesticides les plus courants, comme le Round-Up de Monsanto, ou encore chez les concurrents Syngenta, BASF, Bayer, Dupont, ou Dow Agrosciences.