ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Zika : le virus provoquerait une maladie auto-immune grave

Troubles neurologiques

Zika : le virus provoquerait une maladie auto-immune grave

Par Anne-Laure Lebrun

Zika serait associé à une maladie auto-immune semblable à la sclérose en plaque. Elle provoque une inflammation du cerveau, de la moelle épinière et des nerfs optiques.

Ricardo Mazalan/AP/SIPA
MOTS-CLÉS :

La liste des troubles neurologiques induits par le virus Zika ne cesse de s’allonger. Des médecins brésiliens d’un hôpital de Recife ont découvert qu’il pouvait entraîner un trouble auto-immun semblable à la sclérose en plaque. Le système immunitaire du malade s’attaquerait aux gaines de myéline qui entourent les neurones pour les protéger, ce qui provoque des troubles moteurs, sensitifs et cognitifs. Ils présenteront leurs travaux au Congrès annuel de l’académie américaine de neurologie à Vancouver la semaine prochaine.

Ces médecins brésiliens ont observé cette manifestation chez 6 patients hospitalisés entre décembre 2014 et juin 2015 parmi plus de 150 personnes prises en charge. Tous ont présenté les symptômes de l’infection (fièvre, éruption cutanée, douleurs articulaires et musculaires, conjonctivite) et ont été testés positifs.

L’affection neurologique est soit apparue simultanément avec les symptômes de la fièvre Zika soit une quinzaine de jours après leur admission à l’hôpital. Parmi ces 6 patients, 4 autres ont développé un syndrome de Guillain-Barré. Les 2 autres ont présenté une encéphalomyélite aiguë disséminée. Chez ces malades, les scanners ont mis en évidence des dégâts au niveau de la matière blanche. Cette complication post-infectieuse rare peut apparaître à la suite d’une infection par une bactérie ou un virus. Elle entraîne une inflammation du cerveau, de la moelle épinière et des nerfs optiques. Elle dure quelques mois et peut réapparaître. 

 

Des séquelles persistantes

A leur sortie d’hôpital, 5 patients présentaient encore des difficultés motrices. L’un d’eux souffrait également des troubles de la vision, tandis qu’un autre avait des problèmes moteurs et de réflexion.

« A l’heure actuelle, il ne semble pas que l’incidence de l’encéphalomyélite aiguë disséminée soit la même que le syndrome de Guillain-Barré, mais ces résultats suggèrent que les cliniciens doivent avoir à l’esprit que ce trouble ou d’autres pathologies auto-immunes attaquant le système nerveux central peuvent apparaître », souligne le Dr James Sejvar des Centres de prévention et de contrôle des maladies (CDC) aux Etats-Unis qui n’a pas participé à ces travaux. Par ailleurs, la question qui persiste est pourquoi le virus Zika présente cette forte association avec le syndrome de Guillain-Barré et d’autres maladies auto-immunes et inflammatoires. De nombreux travaux sont en cours pour y répondre ».