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Traitements trop chers : l'appel de 110 cancérologues

Par Stéphany Gardier

Ils exercent à Paris ou en régions, certains ont été à la tête d’agences sanitaires françaises ; ils sont 110 cancérologues et hématologues à signer une tribune publiée ce mardi par Le Figaro. Il y a « urgence », écrivent-ils. Selon ces spécialistes, il faut rapidement parvenir à maîtriser les prix des nouveaux médicaments contre le cancer, sans quoi ce sont les patients qui en paieront bientôt les conséquences, pour leur santé ou leur porte-monnaie.

 

Les Français ne sont pas les premiers à avoir rué dans les brancards. Depuis plusieurs mois, les cancérologues américains ont mis sur le tapis le problème des coûts de plus en plus élevés, exorbitants même parfois, des thérapies innovantes contre le cancer. Fait rare, la question brûlante s’est même invitée à des sessions dédiées aux deux derniers congrès internationaux d’oncologie clinique, ASCO et ECCO.

Immunothérapies ou thérapies ciblées, la plupart ont permis des avancées sans précédent au cours des 10 dernières années, surtout sur le front des cancers métastatiques. Mais pour certaines, un traitement d'un an revient à près de 200 000 euros. Aux Etats-Unis, certains patients ne peuvent déjà plus accéder à ces médicaments, d’autres au bénéfice d’une assurance maladie, voient tout de même leur reste à charge atteindre parfois plus de 25 000 dollars, souligne Le Figaro.

L’industrie pharmaceutique avance pour sa défense le coût de la recherche et développement de ces traitements. Dominique Maraninchi et Jean-Paul Vernant, promoteurs de l’appel des 110, réfutent l’argument. La R&D aujourd’hui n’est plus aussi coûteuse, les développements sont bien moins longs, et l’industrie bénéficie de partenariats avec le monde académique, ce qui lui permettrait de gagner à la fois du temps et de l’argent. Pour appuyer leur propos, les deux spécialistes avancent des chiffres, selon eux, « en moyenne 15 % du chiffre d'affaires de la branche est alloué à la R&D contre plus de 25 % pour les dépenses de marketing, et des marges bénéficiaires annoncées excédant 15 % ».

Des marges que les 110 signataires de l’appel souhaiteraient voir encadrées. Proposition inacceptable pour le Leem, représentant des industries du médicament. Une telle mesure pourrait pousser les laboratoires à réduire leurs investissements dans le domaine. Autre proposition : des discussions pour fixer le prix des médicaments plus « transparentes ». Pour les cancérologues, la situation n’est tout bonnement plus tenable. Et elle risque de l’être de moins en moins, un projet de décret prévoirait ainsi de diminuer le nombre de spécialités sur la « liste en sus ». Celle-ci permet aux établissements hospitaliers de se faire rembourser des thérapies particulièrement coûteuses, directement par l’Assurance maladie. La restreindre revient donc à augmenter les dépenses des centres de soins. Comme le rappelle le Figaro, face à une situation similaire, le Centre de cancérologie Léon-Bérard de Lyon a déjà été amené à ne plus proposer un traitement à certains patients. Il était incapable d’assumer le million d’euros que cela aurait coûté.


Il est donc effectivement plus qu’urgent de trouver un terrain d’entente qui permette à la fois de soutenir l’innovation tout en garantissant l’accès des patients aux dernières thérapies. Les spécialistes estiment que cette question doit faire l'objet d'un débat citoyen. Ils comptent donc faire de leur appel une pétition.