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Un accouchement sur soixante

Jumeaux : quatre fois plus de prématurité

Par Anne-Laure Lebrun

En 40 ans, le nombre de grossesses gémellaires a doublé. Une hausse perçue comme un problème de santé publique car ces enfants sont plus à risques de prématurité. 

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En 40 ans, le taux de naissances gémellaires a presque doublé dans les pays développés, selon une vaste étude franco-néerlandaise publiée fin 2015 dans la revue Population and Development Review. En France, par exemple, les naissances gémellaires sont passées de 9,3 à 17,4 pour 1 000 enfants. En 2013, un accouchement sur 60 a donné naissance à 2 enfants ou plus, selon l’Insee.

Pour les chercheurs, ce boom des grossesses multiples a 2 explications. La première est le recul de l’âge des mères. En effet, les femmes font des enfants de plus en plus tard. Or, après 35 ans, la poly-ovulation est plus fréquente et augmente les chances d’avoir des jumeaux. Par ailleurs, l’âge avançant, les couples ont plus souvent recours aux techniques d’assistance médicale à la procréation, comme la stimulation ovarienne ou la fécondation in vitro. Des méthodes qui induisent plus fréquemment des grossesses multiples.

Mais pour les chercheurs, ce phénomène est loin d’être sans conséquences. Au point d’être perçu comme « un problème de santé publique ». De fait, « il y a 4 fois plus de prématurité chez les jumeaux que chez les singletons, explique à Pourquoidocteur le Pr Olivier Claris, chef de service de néonatologie et réanimation néonatale à l’Hôpital Femme-Mère-Enfant du CHU de Lyon. Parfois, c’est même de la très grande prématurité ».


Un suivi spécifique

Ces enfants sont donc hospitalisés durant plusieurs semaines en service de néonatologie. A leur sortie, les jumeaux prématurés seront suivis comme tout autre enfant nés avant terme. « On sait que les enfants nés avant 32 semaines sont exposés à des troubles du développement, sans pour autant souffrir de séquelles neurologiques. Pour ces grands prématurés, des consultations spécifiques sont prévues à des âges clés (4, 9, 12, 18 et 24 mois) pour évaluer leur développement et leurs acquisitions, décrit le spécialiste. Certains auront besoin de kinésithérapie, de psychomotricité, de l’ergothérapie, psychothérapie, voire des auxiliaires de vie scolaires. »

Ces différents accompagnements doivent permettre à l’enfant de se développer et à limiter l’apparition de troubles cognitifs, comme un retard de langage ou des difficultés d’apprentissage. « A partir de 2 ans, on ne doit plus voir de différences entre un enfant né à terme et un enfant né prématurément », précise le Pr Claris.


Prendre en charge la fatigue des parents

Ainsi, à partir de la maternelle, les jumeaux prématurés seront considérés comme tous les enfants et bénéficieront d’un suivi pédiatrique normal. Néanmoins, les pédaitres ne pourront pas occulter les spécificités de la gémellité et des éventuels antécédents des enfants.
Dans l’ouvrage Les jumeaux et leur pédiatre, le Dr Inés de Montgolgier-Aubron, pédiatre en néonatalogie à l’Hôpital Armand Trousseau (Paris), explique qu’une « attention particulière devra être portée aux troubles du comportement et plus particulièrement aux troubles du langage, plus fréquents chez ces enfants ».

Elle y évoque également la fragilité des parents qui peut avoir des conséquences négatives sur le bien-être des enfants. « Tout est multiplié par 2. Le nombre de biberons, de couches à changer, la varicelle et j’en passe et des meilleurs… Cette phase est donc très lourde pour les parents. Et qui dit fatigue, dit manque de patience, manque de réactivité des parents aux besoins des enfants », relève le pédiatre.
Les parents ont donc eux aussi besoin d’être accompagnés. Pour cela, ils peuvent se tourner vers leur pédiatre mais également des associations qui proposent des conseils de vie pratique et même matériels.