ACCUEIL > FÉMININ SANTÉ > Comment vaincre le grand tabou de la ménopause ?

Transition

Comment vaincre le grand tabou de la ménopause ?

Par Mathilde Debry

Un nouveau collectif veut faire de la ménopause "une continuité apaisée, non stigmatisée et libérée".

fizkes / istock.
Créé en 2022 et composé de femmes de la société civile ainsi que de médecins, le nouveau collectif All for Menopause s’engage à travers un manifeste pour lever le tabou qui règne encore sur cette tranche de vie particulièrement impactante.

Une période semée de non-dits

"La ménopause est universelle, une transition inéluctable, et pourtant... c’est l’un des domaines les plus méconnus de l’histoire physiologique de la vie des femmes, une période semée de tabous et de non-dits, même de honte parfois", expliquent les expertes. "Alors que si l’on considère que l’espérance de vie moyenne des femmes actuellement âgées de 65 ans est de 89 ans et de 93 ans pour les filles nées en 2022, il reste aux Françaises au moment de la ménopause le tiers de leur existence à vivre, voire la moitié...", soulignent-elles.

Selon l’étude ELISA récemment menée auprès de 5 000 femmes ménopausées en France, une majorité d’entre elles (87%) ressentent au moins un symptôme de cette transition, et 20% évaluent que ces manifestations ont un fort impact sur leur quotidien (de 8 à 10/10). Pour autant, 44% des Françaises interrogées n’ont jamais évoqué leurs symptômes avec un professionnel de santé, et 89% ne prennent aucun traitement.

6 propositions concrètes

Face à ce constat, le collectif All for Menopause émet 6 propositions concrètes :

1. Informer les femmes via les médias et les appeler à oser parler de leur ménopause, "parce qu’elles sont le premier maillon de la chaîne et que sans leur implication rien n’est possible", précise le communiqué.

2. Toucher les professionnels de santé, "parce qu’ils jouent un rôle majeur dans l’accompagnement de cette période de la vie des femmes, en les informant, en leur prêtant une oreille attentive et en leur proposant une prise en charge – thérapeutique ou non – adaptée à leurs besoins", ajoute le collectif.

3. Créer un diplôme universitaire de "patient expert" dédié à la ménopause. "Grâce à leur vécu et à leur savoir, les candidates validant le diplôme universitaire pourront par exemple : informer les femmes à travers des ateliers d’échange d’expériences, les accompagner, prendre part à la construction de plaidoyers, enseigner ou encore participer à la formation de professionnels de santé...", précisent les militantes.

4. Créer un parcours de santé dès 45 ans. "Les pouvoirs publics et institutionnels pourraient mettre en place des leviers de prévention efficaces, comme par exemple envoyer dès 45 ans à toutes les femmes un courrier d’information sur la ménopause et une invitation à en parler à leur médecin (éventuellement par le biais de l’Assurance Maladie, de mutuelles, etc...)", avance All for ménopause.

5. Interpeller les dirigeants d’entreprise / de grands groupes au sujet de la ménopause. "Ils ont un rôle essentiel à jouer auprès des femmes concernées en évitant leur stigmatisation, en luttant contre leur mise à l’écart et en proposant un accompagnement de leurs symptômes si besoin", estiment les expertes.

6. Identifier et rendre visible une représentante de la santé des femmes au Gouvernement.

"Car ce ne sont pas seulement les femmes qui doivent s’emparer du sujet mais également les hommes qu’il faut informer afin de faire changer le regard de la société sur cette étape de la vie des femmes", conclut le collectif.