ACCUEIL > FÉMININ SANTÉ > Grossesse : l'exposition à la nicotine provoque des troubles du comportement

Chez la souris

Grossesse : l'exposition à la nicotine provoque des troubles du comportement

Par Anne-Laure Lebrun

L'exposition in utero à la nicotine provoque des altérations génétiques qui entraînent l'apparition de troubles de déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH). 

ruttapum2/epictura

L’exposition à la nicotine au cours de la grossesse déclencherait un grand nombre de modifications génétiques affectant la formation des connexions neuronales chez les enfants, et ce des années après la naissance, selon une étude de l’université de Yale (Etats-Unis) parue dans la revue Nature Neuroscience ce lundi.

Cette découverte permettrait d’expliquer, pour la première fois, l’association entre l'exposition in utero à la nicotine et ses répercussions comportementales comme le trouble de déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH), ou les comportements addictifs.


Nicotine et activité génétique

Des conséquences liées à l’effet de la nicotine sur les gènes, révèlent ces travaux réalisés chez la souris. Ceux-ci montrent, en effet, que les cobayes exposés à la nicotine pendant leur développement précoce présentent des troubles similaires au TDAH.

En analysant l’ADN des souris, les chercheurs ont observé une quantité plus importante que la normale d’une molécule régulant l’activité des gènes. Cette dernière agit sur la compaction de l’ADN : plus il est compact, moins les gènes sont actifs, et inversement. C’est ce qu’on appelle un phénomène épigénétique. Cette altération affecte particulièrement les gènes chargés de former les connexions entre les neurones.

Par ailleurs, les chercheurs ont découvert que cette modification persiste chez la souris adulte. En administrant une drogue inhibant la molécule régulatrice, l’équipe observe que les animaux sont plus calmes et que les troubles s'atténuent. 


Agit même durant l'enfance

Pour vérifier que cette molécule est responsable de l’apparition des troubles comportementaux, les scientifiques ont stimulé sa production chez des souris n’ayant jamais été exposées à de la nicotine. Résultat : elles présentent elles-aussi des troubles proches du TDAH.

« C’est excitant de découvrir un signal pouvant expliquer les effets à long-terme de la nicotine sur la structure des cellules neuronales et le comportement, indique Marina Picciotto, professeur de psychiatrie au sein du département de psychiatrie moléculaire de l’université de Yale et responsable des travaux. Mais il est encore plus intéressant de découvrir la molécule qui influence l’expression de certains gènes après avoir été stimulé par la nicotine durant le développement ».

Une étude française publiée en septembre dernier dans Plos One a également montré le lien entre l’exposition au tabac et l’apparition de ces troubles chez plus de 5 200 enfants. Elle a notamment révélé que l’exposition à la fumée de tabac dans l’enfance augmentait le risque de trouble du développement. Les résultats présentés ce lundi semblent confirmer les observations françaises.