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Le diabète insipide

Par le Dr Jean-François Lemoine

MOTS-CLÉS :

On va parler  de diabète aujourd’hui, mais pas celui auquel on est habitué et qui s’appelle le diabète sucré ! Sucré pourquoi d’ailleurs ? Cela vient de la période de l’histoire de la médecine pendant laquelle, l’odeur et le goût étaient des armes pour le médecin…Par exemple l’odeur  d’acétone, c’est-à-dire de fruit  qui faisait évoquer le diabète… Mais il y avait aussi le goût qui a permis de découvrir l’existence du diabète. 
Les prises de sang qui montrent qu’il y a trop de sucre dans notre organisme – ce qui est la définition du diabète – sont assez récentes. Autrefois, la seule façon de savoir s’il y avait trop de sucre évacué par notre corps était de le constater dans les urines… en les goutant ! C’était heureusement avant mes études de médecine ! il y a un peu moins de cent ans ! Cela à permis de dénommer ce que l’on appelle toujours le diabète sucré !

Parce qu’il y a un autre diabète, plus rare et très curieux que l’on appelle  diabète insipide. Le malade a très soif et urine beaucoup.  Dans le diabète insipide,  les urines importantes, représentent 5 à 20 litres par 24 heures ! Et, bien évidemment, avec une soif permanente, donc la consommation de litres de liquide.  
Quelle est la raison de ce qui pourrait être le rêve des buveurs de bière ? C’est en fait la conséquence d’un cercle vicieux dû à l’incapacité par les reins de concentrer les urines par manque d’une hormone, une hormone sécrétée par une toute petite glande du cerveau,  qui s’appelle la post-hypophyse. Les symptômes étant faciles à retrouver, le diagnostic est extrêmement simple.

En effet,  l’association des deux symptômes, soif intense et urines nombreuses, doit entraîner immédiatement une vérification simple car il existe une  autre maladie, elle  psychiatrique, où le malade urine beaucoup parce qu’il boit beaucoup et non pas l’inverse. Cette maladie s’appelle la potomanie. 

Vous avez saisi la nuance ? Le diabétique urine beaucoup donc il boit…Le potomane – avec un o  – boit beaucoup trop ;.. donc il urine beaucoup !
C’est l’éternel histoire de  la poule et l’œuf…. Et pour faire la différence,  c’est plus simple que pour la poule… Pour le savoir, on hospitalise le malade et on le prive de boissons. Dans ce cas, le potomane redevient un individu normal.
En revanche, si c’est un diabète insipide, les urines restent abondantes, le malade se déshydrate… et on arrête donc cette vérification parce que ce serait alors criminel…On fait passer des examens en particulier  une IRM, cette radio extrêmement précise qui va montrer si cette glande, l’hypophyse est en bon état. 

Il existe plusieurs raisons qui peuvent rendre cette petite glande inopérante. Une déficience familiale mais également un traumatisme crânien, un kyste, une méningite ou un simple traitement au lithium, par exemple. Dans plus de la moitié des cas, on ne retrouve aucune cause. 
Le traitement est on ne peut plus simple… On donne au malade  un équivalent de l’hormone sécrétée par cette glande et donc qui manque. On peut la  prendre en intraveineuse ou, plus simple, en pulvérisation nasale. Un traitement à vie, sauf par exemple, dans le cas d’un traumatisme où la glande retrouvera progressivement sa fonction normale. C’est le tout petit prix à payer pour retrouver une vie et une soif… parfaitement normales.