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Adolescence

Schizophrénie et bipolarité : il est possible de la détecter des années avant les premiers symptômes

Par Mégane Fleury

Les adultes qui ont déjà consulté des spécialistes de santé mentale pendant l’enfance ou l'adolescence sont plus à risque de souffrir de schizophrénie ou de bipolarité. 

fizkes/istock
La schizophrénie est caractérisée par des troubles importants de la perception de la réalité et par des altérations du comportement : délires, hallucinations, confusion, agitation, etc.
La bipolarité se traduit par des dérèglements de l’humeur, et souvent par une alternance d’états d’exaltation et de dépression.

Environ 65 millions de personnes dans le monde sont atteintes de bipolarité ou de schizophrénie. Dans la majeure partie des cas, les personnes reçoivent le diagnostic à l’âge adulte. Selon une étude parue dans World Psychiatry, la maladie pourrait être repérée bien plus tôt. 

De l’enfance à l’âge adulte

Issus de l’University College de Dublin en Irlande, les scientifiques se sont basés sur un registre de données finlandais. Dans ce fichier, ils ont recherché les personnes nées en 1987 et ont suivi leurs trajectoires de santé dans les années suivantes jusqu’à l’âge adulte. Ils se sont précisément intéressés à une donnée : la fréquentation d’un service spécialisé en santé mentale des enfants et des adolescents entre leur naissance et leurs 17 ans. Ensuite, ils ont observé leurs informations médicales jusqu’à 28 ans pour identifier les personnes ayant reçu un diagnostic de bipolarité ou de schizophrénie.

Les scientifiques ont constaté que le risque de schizophrénie ou de trouble bipolaire à l'âge de 28 ans était de 1,8 % pour les personnes qui n'avaient pas fréquenté de service de santé mentale pour enfants et adolescents. Pour les personnes s’étant déjà rendue dans ce type de service pendant l’enfance ou l’adolescence, le risque était de 15%, et de 37% pour celles ayant été hospitalisées dans ces établissements. Au total, 50% des personnes qui ont développé ces troubles de santé mentale avaient fréquenté des services spécialisés de santé mentale pour enfants et adolescents dans leur enfance.

Prévenir la maladie ? 

"Ces résultats mettent en évidence la possibilité d'intervenir beaucoup plus tôt que nous ne le faisons actuellement, même dans l'enfance et l'adolescence", estime le professeur Ian Kelleher, qui a coordonné cette étude. Détecter les personnes à risque plus tôt pourrait permettre de limiter la progression de ces pathologies et leurs conséquences sur la vie quotidienne. Les auteurs rappellent que la bipolarité et la schizophrénie sont associées à des niveaux élevés d'invalidité, et à des coûts personnels et sociétaux élevés. "Nous savons qu'il est crucial d'intervenir le plus tôt possible pour prévenir certains des pires effets de ces maladies, complète le professeur Ian Kelleher. Mais idéalement, on aimerait pouvoir intervenir avant même le début de la maladie, pour la prévenir carrément."

L’adolescence, une période charnière 

L’adolescence est une période critique en ce qui concerne la santé mentale. La bipolarité est généralement diagnostiquée au début de l’âge adulte, mais elle peut se manifester dès 15 ans. En ce qui concerne la schizophrénie, "la maladie se révèle généralement au cours de l’adolescence, entre 15 et 25 ans, mais elle débute le plus souvent plus tôt, sous une forme atténuée", explique l’Inserm. "Cette période constitue une phase au cours de laquelle une intervention thérapeutique adaptée peut être particulièrement efficace." Celle-ci peut reposer sur des traitements médicamenteux, une thérapie cognitive et comportementale, de l’ergothérapie, etc. En France, environ 10.000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année.