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Précarité

Covid-19 : l'Académie nationale de médecine appelle à vacciner les migrants

Par Mathilde Debry

Pour l'Académie de médecine, les quelques initiatives prises pour vacciner les migrants contre la Covid-19 en France restent insuffisantes. 

DZarzycka / istock.
Depuis le début de la campagne de vaccination contre la Covid-19 en France, 33 690 499 personnes ont reçu au moins une injection (soit 50,0% de la population totale) et 22 265 100 personnes ont désormais un schéma vaccinal complet (soit 33,0% de la population totale).
Les indicateurs de l'épidémie de Covid-19 sont toujours au vert en France : moins de 9 000 personnes étaient hospitalisées mardi 29 juin, 2 314 contaminations et 28 décès ont été enregistrés durant ces dernières 24 heures.

"Il faut vacciner les personnes précaires et migrantes contre la Covid-19". Dans un communiqué de presse, l’Académie de médecine appelle à vacciner les plus fragiles. "La lutte contre la pandémie de Covid-19 est universelle. En France, elle doit inclure tous les groupes de population et porter une attention particulière aux plus démunis et aux moins visibles", soulignent les professionnels de santé.

Des conditions d'inconfort et de promiscuité

L'Académie nationale de médecine a émis très tôt des recommandations concernant les personnes migrantes et plus largement les personnes vivant dans la précarité, car les conditions de vie misérables et les difficultés rencontrées pour accéder à des soins préventifs et curatifs favorisent l'exposition de ces personnes à l'infection par le SARS-CoV-2. "Les migrants vivent bien souvent dans des conditions d'inconfort et de promiscuité qui rendent les gestes barrière et l'accès à l'eau ou au gel hydroalcoolique improbables, favorisant la propagation rapide du virus SARS-CoV-2 et de ses variants", rappellent les médecins.

Des initiatives ont été prises pour vacciner ces populations, grâce à l'action de collectivités locales, d'associations bénévoles ou du SAMU social, "mais elles restent ponctuelles, disparates, et au total, insuffisantes. Il importe donc de déployer des moyens humains et financiers spécifiquement dédiés à l'ensemble des centres médico-sociaux, publics, privés, associatifs, et aux médecins généralistes, pour étendre la campagne de vaccination à toutes les personnes migrantes sur l'ensemble du territoire national, la politique de vaccination devant être inclusive pour être efficace", estime l’Académie de médecine.

5 recommandations

En accord avec la défenseure des droits et le président du Comité consultatif national d'éthique, l'Académie nationale de médecine demande :

- d'inclure l'ensemble des personnes migrantes dans la surveillance épidémiologique de la Covid-19 et dans le suivi de la campagne nationale de vaccination ;

- de recruter des interprètes pour mener de vastes campagnes d'information et de sensibilisation à la vaccination auprès de ces populations vivant hors de portée des messages de Santé publique ;

- d'associer systématiquement la vaccination contre la Covid-19 au rattrapage vaccinal préconisé par la HAS pour les migrants primo-arrivants ;

- d'octroyer aux centres médico-sociaux et aux associations engagées auprès des personnes précaires et migrantes, des réfugiés, des demandeurs d'asile, les moyens humains et techniques nécessaires pour vacciner dans les meilleures conditions de sécurité et de dignité ;

- de promouvoir des campagnes de vaccination par des équipes mobiles opérant dans les campements et les lieux d'hébergement des personnes migrantes. 

Bien avant la Covid-19, l'Académie nationale de médecine avait déjà dénoncé l'aggravation des rapports entre précarité, pauvreté et santé, et plus spécifiquement la situation sanitaire et sociale en France des personnes issues de l'immigration.