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Un réflexe à remettre en question

Poser de la glace sur une blessure musculaire : ce n’est pas une bonne idée !

Par Mégane Fleury

Appliquer du froid sur un muscle sévèrement blessé ralentirait la récupération en bloquant le mécanisme de l'inflammation. 

AndreyPopov/istock
Dans le sport, il est fréquent de glacer une blessure quelle que soit sa gravité.
Le froid, par la glace, bloque l'inflammation : or celle-ci est nécessaire à la récupération.

À l’école, dans les clubs de sport ou même dans la pratique individuelle, il est fréquent d’appliquer de la glace, ou du froid, sur des muscles blessés. Des chercheurs coréens remettent en cause ce réflexe. Dans Journal of Applied Physiology, ils expliquent que cela pourrait être contre-productif : le froid ralentirait la récupération, en bloquant l’action des cellules pro-inflammatoires.

Une régénération musculaire plus lente

Ces conclusions sont le résultat d’une étude réalisée sur des souris. Les scientifiques coréens ont observé l’action du froid sur des contractions excentriques de leurs muscles. Ce terme désigne le fait que les muscles se rallongent en se contractant, alors qu’ils devraient se raccourcir, cela peut provoquer des blessures. Chez ces souris, elles ont généré des blessures sévères, semblables à des déchirures musculaires. Les chercheurs ont réparti les rongeurs en deux groupes : le premier n’a pas reçu de traitement à base de glace, dans le second, des poches de glace ont été appliquées trois fois par jour pendant trente minutes dans les deux jours suivants la blessure. Cette technique correspond à la méthode GREC : glace, repos, élévation et compression, fréquemment utilisée dans la prise en charge des blessures musculaires. Pendant deux semaines, les chercheurs coréens ont observé la régénération musculaire des souris. Ils ont remarqué que les fibres musculaires des souris ayant reçu le procédé GREC, mettaient plus de temps à se régénérer.

Des cellules pro-inflammatoires ralenties par la glace

La seconde partie de l’étude était dédiée à l’observation cellulaire des muscles. Sans traitement spécifique, les cellules inflammatoires se rassemblent au niveau de la blessure pour retirer les débris du muscle endommagé et permettre la construction de nouvelles fibres. Lorsque la glace est appliquée sur des blessures sévères, les cellules inflammatoires ont plus de difficulté à atteindre la zone de la blessure, ce qui ralentit la formation de nouvelles cellules musculaires.

Glacer ou ne pas glacer ? Cela dépend de la blessure

Dans cette étude, les chercheurs ont observé les conséquences du froid sur des blessures sévères. Ils précisent qu’il est possible que la glace ait un intérêt sur des blessures de gravité moyenne. "La prochaine étape est d’établir quelle est la limite", indiquent-ils. En ce moment, l’équipe scientifique s’intéresse justement aux effets du froid sur les blessures légères. "Nous allons continuer à travailler sur l’utilisation de la glace, en fonction de la blessure musculaire", concluent les chercheurs.