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Vie sociale

Déconfinement : comment surmonter le "syndrome de la cabane"

Par Jean-Guillaume Bayard

Ce mercredi 19 mai, le retour progressif à la vie “normale” s’amorce avec la réouverture des terrasses, de lieux de culture ou encore de commerces. Pour certains, ce déconfinement est synonyme d’angoisse et d’anxiété. Le psychologue Benjamin Lubszynski distille ses conseils pour surmonter ce que l’on appelle le syndrome de la cabane.

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L’une des plus grandes causes de développement des peurs c’est l’évitement et les confinements successifs ont augmenté ce phénomène.
Pour s'en sortir, Benjamin Lubszynski conseille de miser sur la relaxation avant et pendant les évènements angoissants.
Les proches ont aussi un rôle à jouer, sans brusquer ni laisser tomber les personnes angoissées à l'idée de se déconfiner.

Après 200 jours de confinement, de couvre-feu, d’interdiction de déplacement à plus de 10 kilomètres de son domicile et autres mesures de restriction sociale, ça y est ! À partir de ce mercredi, terrasses, cinémas, salles de théâtre, musées et autres vont pouvoir accueillir du public, en respectant certaines mesures de sécurité. Si certains se réjouissent que souffle ce vent de liberté, pour d’autres cela rime plutôt avec stress et anxiété. Ces derniers appréhendent ce déconfinement progressif et angoissent à l’idée de quitter leur bulle pour affronter le monde extérieur. Ils souffrent de ce que l’on appelle le syndrome de la cabane.

L’impuissance apprise

Le syndrome de la cabane, ou syndrome de l’escargot, s’est renforcé pendant la crise sanitaire et les confinements. “L’une des plus grandes causes de développement des peurs, c’est l’évitement, avance le psychologue Benjamin Lubszynski. Plus on évite quelque chose, plus la peur grandit. Comme les confinements et la situation face à la Covid nous a fait éviter de nombreuses peurs, petites ou grandes, celles-ci ont augmentées.” La perspective de se retrouver attablé en terrasse ou en compagnie d’autres personnes dans une salle peut alors apparaître effrayante. “Ce constat n’est pas nouveau, on l’observe régulièrement dans les situations d’inactivité quand les personnes sont au chômage, en arrêt maladie ou à la retraite”, rappelle-t-il.

Depuis des mois, les personnes qui souffrent de ce syndrome se sont construites un quotidien, une bulle, loin de toute vie sociale. “Depuis le confinement, je me suis mis dans une sorte de bulle de confort, avec une paroi qui est devenue de plus en plus épaisse chaque jour. Et aujourd’hui, il m’est très dur d’en sortir”, a par exemple témoigné Marco à 20 Minutes. Lui, comme d’autres, a construit ce qui est conceptualisé sous le nom d’impuissance apprise. “Comme Marco, de nombreuses personnes se sont construites un quotidien qu’elles maîtrisent parfaitement et qui est sans imprévu, détaille Benjamin Lubszynski. À force de ne plus faire les choses, elles se sentent incapables de les réaliser et celles-ci apparaissent comme une montagne. Il y a alors un sentiment d’impuissance et un manque de confiance en soi.”

Désensibiliser la peur

Loin d’être insurmontable, ce syndrome peut être affronté pour éviter de rentrer dans un cercle vicieux où, à force de se renfermer sur soi, les angoisses montent et les peurs prennent de plus en plus de place. “Il faut que ces personnes parviennent à différencier ce qui tient des décisions objectives qui sont de la prudence et ce qui relève de la phobie où il est n’est plus question de simple prudence face à un danger objectif”, estime le psychologue. Dans ce dernier cas, le syndrome relève d’une phobie et il faut alors les désensibiliser à leurs peurs. “Il faut se relaxer un maximum, avance-t-il. Cela passe notamment par un travail sur la respiration, avant et pendant l’évènement angoissant.” Ce dernier conseille par exemple de penser, en amont, à la situation anxiogène qui crée le stress afin de “désensibiliser en amont la peur”.

Les proches ont également un rôle à jouer mais la prise de position est toujours délicate. “C’est une posture complexe où il faut être à la fois doux et ferme”, pose le psychologue. L’idée n’est pas de forcer la personne qui souffre de ce syndrome à sortir de chez elle sans non plus la laisser se renfermer. “Si on les protège trop, on les empêche d’affronteur leurs peurs, assure Benjamin Lubszynski. Mais si on les force, cela n’est pas plaisant pour eux et peut être ressenti comme une trahison.” Le mieux, nous explique-t-il, est de communiquer et de demander pourquoi la personne a peur, voir si cela est rationnel puis de l’inviter à faire un maximum de relaxation pour faire retomber le niveau de stress. “On peut aussi faire une liste des peurs, en allant de la plus petite à la plus grande et de les affronter les unes après les autres”, ajoute le psychologue.