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Amblyopie

Le strabisme ne pose pas de problèmes pour la vue

Par La rédaction

Contrairement aux idées reçues, les personnes atteintes de strabisme n’ont pas de difficultés à percevoir le monde en trois dimensions, ni à gérer la profondeur. Là où les personnes avec une vision “classique” ont une bonne perception du monde qui les entoure, les personnes atteintes de strabisme peuvent occasionnellement avoir un léger déficit de perception des distances proches, ce qui ne constitue pas un handicap pour autant.

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Les personnes atteintes de strabisme ont la même perception de la profondeur que les personnes avec une vision “classique”.
On parle d'amblyopie ou d'œil paresseux lorsqu'un œil dévie de son axe de vision.
Les personnes atteintes de strabisme peuvent avoir un léger déficit dans la perception des objets proches, mais ce n'est pas automatique.

Le strabisme souffre de beaucoup de préjugés. Ce défaut de parallélisme oculaire, qui peut être convergent (lorsqu’un œil rentre vers l’intérieur) ou divergent (lorsqu’un œil part vers l’extérieur) est dû à un trouble neurosensoriel. Des chercheurs de l’université St Andrews (Royaume-Uni) révèle que dans une étude publiée par la Royal Society Open Science que le strabisme ne nuit pas à la capacité d'une personne à percevoir le monde qui l’entoure en trois dimensions.

Un “œil paresseux”

Le strabisme est une condition ophtalmologique de désalignement des yeux. Résultant généralement de troubles neurologiques, il entraîne une incapacité à focaliser les deux yeux sur un seul point dans l’espace. Dans ce cas de figure, on parle d’amblyopie ou “d’œil paresseux”, lorsque ce dernier dévie de son axe de vision. Bien que gênant visuellement pour son porteur, cela n’entrave en rien sa vue.

Pour l’heure, la nature exacte du déficit crée par le strabisme est encore mal compris, notamment en ce qui concerne la perception en trois dimensions. Cela est dû au fait que les précédentes études se sont surtout concentrées sur un aspect de la perception en trois dimensions, la capacité à effectuer des tâches motrices qui nécessitent des estimations de distances par rapport à des objets proches. 

Cette fois-ci, les chercheurs se sont concentrés sur la perception de la profondeur relative, un aspect fondamental de la vision 3D qui sous-tend la capacité d'une personne à percevoir les formes et la disposition des objets en trois dimensions. Pour cela, ils ont utilisé comme repère des images picturales faites avec des lignes, afin de voir s’il y avait une altération dans la perception de la profondeur des personnes atteintes de strabisme. 

Les résultats montrent que le strabisme n’altère pas la perception de la profondeur relative par rapport aux observateurs ayant une vision binoculaire “classique”. Ces résultats vont donc à l’encontre de la croyance populaire sous-entendant que le strabisme entraîne un déficit général de la perception de la profondeur.

Une bonne perception visuelle sauf pour les distances proches

Il existe une ambiguïté et une confusion considérables dans les médias populaires quant à l'ampleur des déficits de perception en profondeur et en 3D dans le strabisme, souligne Giedre Zlatkute, professeur à l’université St Andrews et auteur principal de l’étude. Nos conclusions montrent que, contrairement à l'opinion populaire, il y a peu de répercussions sur un aspect majeur de la vision en 3D pour une personne ayant une vision strabiste. En plus des difficultés à percevoir les distances dans l'espace proche, les personnes souffrant de strabisme peuvent également avoir des difficultés à percevoir l'"effet 3D" des films en 3D. Des études supplémentaires sont nécessaires pour comprendre pleinement le lien entre ces déficiences et leur effet sur la perception 3D globale d'une personne par rapport à celles dont la vision binoculaire est généralement développée.

Ainsi, si les personnes atteintes de strabisme ont la même perception du monde qui les entoure que n’importe qui, cela ne veut pas dire pour autant que ce désalignement oculaire n’a pas de conséquences sur leur vision globale, notamment en ce qui concerne la vision proche des distances. C’est ce que souligne Dhanraj Vishwanath, professeur à l’université St Andrews, spécialisé dans la perception des objets en trois dimensions dans l’espace et auteur de l’étude. “Ces résultats appuient une théorie selon laquelle le cerveau construit au moins trois types de représentation distincts qui soutiennent des compétences différentes en matière de vision en trois dimensions : la perception des distances des objets proches du spectateur (dans l'espace personnel), la perception des distances des objets à des distances de marche, et la perception de la forme/plantation des objets 3D (profondeur relative). Nos résultats, combinés à quelques autres études, suggèrent que les individus souffrant de strabisme peuvent être altérés seulement dans la première composante (perception des distances proches) mais ont une perception largement intacte dans les deux autres.