ACCUEIL > QUESTION D'ACTU > Hôtel-Dieu : pourquoi les médecins réclament la fermeture des urgences

Service d'Urgences menacé

Hôtel-Dieu : pourquoi les médecins réclament la fermeture des urgences

Par La rédaction

La commission médicale d'établissement de l'Hôtel-Dieu demande à l'unanimité la fermeture du service d'urgences de cet hôpital. Pour elle, les conditions de sécurité pour le patient ne sont plus réunies.

V. WARTNER/20 MINUTES/SIPA
MOTS-CLÉS :

Dans la bataille de l'Hôtel-Dieu, la commission médicale d'établissement du groupe hospitalier Cochin-Hôtel-Dieu (AP-HP) a choisi son camp de façon officielle. La CME locale vient en effet de demander à l'unanimité la fermeture du service d'accueil des urgences de l'Hôtel-Dieu le lundi 4 novembre, date initialement prévue depuis de nombreux mois.
L'annonce va sans doute raviver les tensions, puisqu'un comité de soutien, opposé à la restructuration de l'Hôtel-Dieu, et notamment à la fermeture du service des urgences, occupe  depuis dimanche, une salle de l'hôpital.

Les 24 responsables médicaux, dont 22 professeurs, de la communauté médicale de l'Hôtel-Dieu et de Cochin ont en effet constaté « la dégradation accélérée des conditions de prise en charge des patients, au point que la qualité et la sécurité des soins sur le site de l'Hôtel-Dieu ne sont plus assurées de façon satisfaisante. » Contactée par pourquoidocteur, le Dr Anne Gervais, vice-présidente de la CME de l'AP-HP, s'inquiète de la situation actuelle sur place. Pour elle, les condtions de sécurité pour le patient ne sont plus assurées.

Ecoutez le Dr Anne Gervais, vice-présidente de la CME : « On n'a plus de chirurgie, plus de gynécologie. Et par exemple, si vous venez pour de la réanimation, on vous transfère à Cochin. Ca n'a pas de pertinence de garder ce S.A.U (Service d'Accueil des Urgences) sans équipements et donc sans personnel qui peut imméditamment agir. »



Ce manque d'équipements fait craindre au Dr Gervais des accidents. Un mauvais diagnostic lors de l'acceuil aux urgences peut parfois avoir des conséquences terribles. Dans ce cas là, la responsabilité pénale mais aussi morale des hospitaliers peut être engagée. Pour éviter ces drames, le médecin rappelle une fois de plus que la fermeture des urgences de cet hôpital est la meilleure solution, dans l'intérêt du patient.

Ecoutez le Dr Anne Gervais, vice-présidente de la CME : « Imaginons une grossesse exta-utérine qui pète aux urgences de l'Hôtel-dieu à cause d'un mauvais diagnostic. Dans ce cas, il y a un mort sur la conscience et nous à la CME nous sommes pénalement et moralement responsables...  »




Enfin, rappelons que l'Hôtel-Dieu est au coeur d'un vaste projet de modernisation, qui prévoit d'en faire « l'hôpital du 21e siècle », autrement dit, un hôpital sans lit, mais doté d'une médecine axée sur la prévention, le dépistage et l’éducation pour la santé.
Sur la théorie, Anne Gervais approuve ce projet, « reste maintenant à voir en pratique ce qui va se faire et la place du généraliste dans ce projet », confie-t-elle. Quoi qu'il en soit, la vice présidente plaide pour davantage de médecine de proximité. La solution pourrait, selon elle, en partie solutionner le problème des urgences en désagorgeant ces services d'une partie de leurs patients.

Ecoutez le Dr Anne Gervais, vice-présidente de la CME : « Il n'y a plus de consultation possible dans les centres de santé de Paris, la plupart ont fermé. Cette absence de réseau de proximité rabat sur l'hôpital des gens qui ne sont pas capables de trouver près de chez eux des choses pour répondre à leur besoin.   »