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Lutte contre le tabagisme

Bercy renonce à augmenter le prix des cigarettes

Par Afsané Sabouhi

Face à la baisse des ventes enregistrée en 2013 par les buralistes, le ministère du Budget annule la hausse du prix du tabac prévue pour le mois d’octobre.

JEROME MARS/JDD/SIPA

Le ministère du Budget a confirmé vendredi soir que le prix du tabac n'augmentera pas en France au mois d'octobre. « Cette stabilité des prix fait suite aux deux hausses d’octobre 2012 (+40 centimes), puis de juillet 2013 (+20 centimes) », s’est justifié le ministre Bernard Cazeneuve dans un communiqué.


Selon Bercy, les ventes de cigarettes ont baissé de près de 8% au premier semestre 2013, par comparaison avec le premier semestre 2012. « Cette évolution est la traduction de l’action du gouvernement pour modérer la consommation de tabac et protéger la santé publique », a assuré le ministre. L’analyse d’Yves Bur, le président de l’Alliance contre le tabac est tout autre : « cette baisse est liée à la diminution du nombre de cigarettes fumées par les consommateurs confrontés à la chute de leur pouvoir d’achat et elle est aussi consécutive à la croissance du nombre d’usagers de cigarettes électroniques : ils seront bientôt un million de consommateurs, soit 7,4% des 13,5 millions de fumeurs en France ».


60 centimes pour une hausse efficace

Les acteurs de la lutte contre le tabagisme ne cessent en effet de répéter, chiffres à l’appui, que les hausses de prix de quelques centimes comme celle de juillet dernier sont sans effet sur la consommation de tabac. Pour qu’elle pousse un nombre significatif de fumeurs à décider d’arrêter de fumer, il faut que la hausse du prix du paquet de cigarettes soit supérieure à 10%, c’est à dire en moyenne +60 centimes en une seule fois. L’Organisation mondiale de la Santé estime qu’une telle hausse de prix de 10% se traduit directement par une baisse de la consommation de 4%.


La hausse d’à peine 20 centimes appliquée en juillet avait déjà été très critiquée par les associations de lutte contre le tabac, accusant le ministère de la Santé de rester muet face à Bercy alors que le tabac continue de tuer 200 Français par jour. Ce nouveau renoncement du gouvernement, dont la Confédération des buralistes n’a pas manqué de se féliciter, devrait une nouvelle fois alimenter les accusations de collusion avec les lobbys du tabac.