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Cerveau

Différences sociales : nous ne parlons pas de la même manière à tout le monde

Par Mégane Fleury

Notre cerveau réagit différemment en fonction du niveau socio-économique de la personne à qui nous nous adressons.

Farknot_Architect/iStock

Que se passe-t-il dans le cerveau lorsque nous discutons ? Est-ce que les réactions sont différentes en fonction de la personne que nous avons en face de nous ? Des chercheurs des universités de UCL et de Yale (Etats-Unis)constatent que la réponse cérébrale varie selon le niveau socioéconomique de la personne à qui nous parlons. Dans Social Cognitive and Affective Neuroscience, ils font le récit de leur expérience.  

Douze minutes de discussion 

L’équipe de recherche a recruté 78 participants, qu’ils ont regroupé en paires. Chacun d’entre eux portait un casque pour enregistrer leur activité cérébrale. Pendant douze minutes, chaque couple a discuté de sujets variés comme leurs dernières vacances d’été ou une recette de gâteau. Ensuite, les chercheurs ont collecté des informations sur le niveau de revenu et d’éducation des participants. Ils ont classé chacune des paires dans un groupe soit celui des écarts importants, soit celui des écarts réduits. 

Une zone précise du cerveau concernée

Ils ont constaté que lorsque deux personnes de niveaux socioéconomiques très différents se parlaient, l’activité cérébrale était concentrée dans une zone spécifique du lobe frontal, appelée cortex préfrontal dorsolatéral gauche. Ce constat était valable pour les deux personnes, quel que soit leur niveau socio-économique. Cette partie du cerveau est associée à la production du discours, au langage et au contrôle cognitif. Les participants ont répondu à des questionnaires après l’expérience : ceux ayant échangé avec des gens de milieux différents ont ressenti un peu plus d’anxiété et ont déclaré avoir fait plus d’efforts pendant la conversation, en comparaison à ceux ayant discuté avec des personnes de même niveau socio-économique. 

Nos cerveaux, nos alliés 

Pour les chercheurs, cette étude confirme des hypothèses précédemment soulevées : le cortex préfrontal dorsolatéral gauche agit pour détecter les biais potentiels et nous aide à réguler notre comportement pour éviter les préjugés. “Je crois que nos découvertes portent un message rempli d’espoir, souligne Joy Hirsch, co-autrice de l’étude. Nous savons que les humains peuvent faire des rencontres socialement positives avec des personnes différentes. Maintenant, nous en connaissons la racine neurobiologique : nos cerveaux ont développé un système préfrontal pour nous aider à gérer la diversité.”