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Cicatrisation

Guérison des plaies : comment les cellules savent où se déplacer ?

Par Mégane Fleury

Grâce à la combinaison de plusieurs phénomènes, les cellules peuvent se diriger automatiquement vers la zone blessée. 

anusorn nakdee/iStock

Nous aurions entre 10 000 et 100 000 milliards de cellules dans le corps. Chacune d’entre elles a un rôle précis dans l’organisme. Lorsque nous nous blessons, des cellules se déplacent immédiatement pour cicatriser la plaie. Edouard Hannezo, chercheur à l’Institut de Science et de technologie d’Autriche, en collaboration avec une équipe de l’université de Kyoto (Japon) a voulu mieux comprendre ce phénomène. Dans la revue spécialisée Nature Physics, il explique l’expérience qu’il a menée pour décrypter le mouvement cellulaire. 

Une étude réalisée grâce à un modèle mathématique 

Chaque cellule possède des signaleurs chimiques, composés de protéines. Cet outil leur permet de sentir le mouvement des autres cellules autour d’elles, et donc de savoir si elles sont entraînées vers une zone ou repoussées. Grâce à un modèle mathématique et l’utilisation d’un tissu artificiel, semblable à la peau, les chercheurs ont analysé les ondes cellulaires, c’est-à-dire les mouvements coordonnés des cellules.

Deux types d’ondes cellulaires 

Les scientifiques ont constaté qu’en l’absence de blessure, ces ondes de cellules se déplacent sans direction particulière. Dès lors qu’une plaie est créée sur une partie de la peau, les cellules se propagent uniquement à l’écart de celle-ci. Ils supposent que les ondes cellulaires pourraient être un outil de communication, pour alerter les cellules situées loin de la blessure et leur donner la direction à suivre. Les ondes sont créées grâce à l’interaction entre différents phénomènes : le mouvement cellulaire, la capacité des cellules à détecter leur environnement et l’activation de protéines. Il existe plusieurs types d’ondes : les ondes de densité et les ondes d’activité protéique. Les premières poussent les cellules dans leur direction, mais dans de petits mouvements, d’avant en arrière. Les ondes protéiques interviennent ensuite, une fois que les protéines ont été activées : elles vont accélérer la vitesse de déplacement des cellules, qui vont rapidement prendre la direction de la première onde. 

Des protéines “allumées” !

Les chercheurs ont voulu constater ensuite l’action des protéines en direct : ils ont modifié des protéines pour qu’elles dégagent une lumière lorsqu’elles sont actives. Puis, ils ont analysé ce qu’il se passait sur le tissu artificiel. Ils ont pu observer les délais entre les deux types d’ondes grâce à l’observation de l’activation des protéines et prédire les modèles d'ondes. “Ce mécanisme d’auto-organisation est remarquable, notent les chercheurs dans un communiqué. Cela montre comment un comportement coordonné peut se produire dans notre corps.”