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Lutényl et Lutéran

Ménopause et endométriose : des médicaments risquent de provoquer des tumeurs cérébrales

Par Charlotte Arce

Selon l’Agence nationale du médicament, certains médicaments progestatifs prescrits dans le cadre de la prise en charge de la ménopause ou de l’endométriose augmenteraient le risque de développer un méningiome.

gorodenkoff/iStock
L'Agence du médicament met en garde sur le risque de méningiome provoqué par le Lutényl et le Lutéran, des progestatifs prescrits en cas de ménopause ou d'endométriose.

Dans un communiqué daté du 17 juin, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) met en garde les professionnels de santé et leurs patientes sur le sur-risque de méningiome que provoquent certains médicaments macroprogestatifs. Le méningiome est une tumeur bénigne des méninges, qui enveloppent le cerveau.

Prescrits dans le cadre de la prise en charge de la ménopause, de l’endométriose ou encore des troubles menstruels, le Lutényl (acétate de nomégestrol), le Lutéran (acétate de chlormadinone) et leurs génériques viennent en effet de faire l’objet d’une nouvelle étude dont les résultats viennent d’être publiés dans le 3e rapport d’Epi-phare, et qui insiste sur le risque qu’ont les femmes de développer une tumeur cérébrale lorsqu’elles prennent ces médicaments sur le long terme. Ce risque augmente aussi selon la dose utilisée et l’âge de la patiente.

Un risque multiplié par 3

Dans le détail, ces nouveaux travaux montrent que les femmes traitées plus de 6 mois par acétate de nomégestrol ou de chlormadinone "sont exposées à un risque multiplié respectivement par 3,3 et 3,4 par rapport au risque de base, puis par 12,5 à partir d’une dose cumulée correspondant à 5 ans de traitement pour l’acétate de nomégestrol et par 7 à partir d’une dose cumulée correspondant à 3,5 ans d’utilisation de l’acétate de chlormadinone". Le risque de chirurgie intracrânienne est aussi 3 fois supérieur chez les femmes de 35 à 44 ans, comparé à celles de 25-34 ans.

Ce n’est pas la première fois que le risque de méningiome de ces médicaments est pointé du doigt par l’ANSM. Déjà en février 2019, elle avait averti sur un possible sur-risque et annoncé la réalisation d’une étude épidémiologique pour l’évaluer. Ces nouvelles données sont donc le résultat de l’étude, menée à partir des données nationales de remboursement de l’Assurance Maladie sur 1,8 et 1,5 millions de femmes ayant pris l’une ou l’autre des molécules entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2018.

Des recommandations aux patientes

Face à ces résultats, l’ANSM a émis des recommandations préliminaires à l’attention des professionnels de santé, qui doivent informer leurs patients du risque de méningiome et réévaluer "la pertinence d’un traitement" avec l’une des deux molécules "en tenant compte du bénéfice-risque individuel". L’agence sanitaire invite aussi à limiter la durée du traitement et de "faire réaliser une IRM cérébrale en cas de symptômes évocateurs d’un méningiome". Par ailleurs, elle conseille de "proposer aux femmes de plus de 35 ans en cas de traitement prolongé (à partir de 5 ans), une imagerie cérébrale par IRM".

Enfin, l’ANSM préconise aux patients sous Lutényl, Lutéran ou l’un de leurs génériques de se rapprocher de leur médecin, notamment en cas de symptômes évocateurs d’un méningiome : maux de tête fréquents, troubles de vision, du langage ou de l’audition, vertiges, troubles de la mémoire…