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Activité physique

Déficit d’exercice chez les enfants dès l’âge de 10 ans

Par Jean-Guillaume Bayard

Le niveau d’activité physique est en chute libre chez les enfants à partir de 10 ans, avec seulement 4 enfants sur 10 qui font au moins une heure d’activité quotidienne.

LightFieldStudios/iStock
Les garçons sont plus enclins à pratiquer une activité physique suffisante (50,7%) que les filles (33,3%).
Environ un garçon sur deux arrête de pratiquer une activité quotidienne suffisante après 10 ans.
Le temps passé devant les écrans est la principale cause de sédentarité des enfants.

Les recommandations officielles de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconisent “au moins 60 minutes quotidiennes d’activité physique, d’intensité modérée à forte” pour les enfants entre 5 et 17 ans. “L’activité physique englobe notamment le jeu, les sports, les déplacements, les tâches quotidiennes, les activités récréatives, l’éducation physique ou l’exercice planifié, dans le contexte familial, scolaire ou communautaire”, précise l’OMS. Cette pratique apporter un bénéfice supplémentaire à la santé des enfants et devrait idéalement être complétée, trois fois par semaine, par une activité à haute intensité pour “renforcer le système musculaire et l’état osseux”, ajoute l’Organisation.

Les garçons plus actifs que les filles

Le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire publié mardi 9 juin par Santé publique France révèle que le niveau d’activité physique est élevé chez les plus jeunes mais se met à chute à partir de 10 ans. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont comparé les résultats de deux études : l’Étude nationale nutrition santé (ENNS) réalisée entre 2006 et 2007 sur 1 358 enfants et Esteban, une étude menée entre 20014 et 2016 sur 1 182 enfants qui évalue l'environnement, la biosurveillance, l'activité physique et la nutrition. Les résultats de cette étude ont d’abord été publiés en 2017 mais cette fois, les méthodes d’analyse ont été modifiées afin d’être conformes aux normes internationales. “Chez les enfants, parmi lesquels l'activité physique n'a guère progressé et même s'est dégradée chez les 6-10 ans”, soulignait alors Benoît Salanave, chercheur et co-auteur de l’étude Esteban, à Franceinfo.

Les résultats de cette nouvelle analyse montrent que seulement quatre enfants et adolescents sur dix (41,8%) atteignent les recommandations de l’OMS. Parmi eux, les garçons sont plus enclins à pratiquer une activité physique suffisante (50,7%) que les filles (33,3%). Plus précisément, la chute de l’activité s’observe chez les enfants à partir de 10 ans. Alors que 69,7% des garçons de 6 à 10 ans atteignent les préconisations de l’OMS, ils ne sont plus que 33,3% entre 11 et 14 ans avant de remonter un peu entre 15 et 17 ans. Chez les filles, la proportion à pratiquer une activité physique suffisante ne cesse de chuter pour arriver à 15,7% des 15-17 ans qui réalisent 60 minutes d’effort physique quotidiennes.

Une sédentarité due aux écrans

Plusieurs facteurs expliquent ces chiffres selon les chercheurs. Les jeux en plein air, qui s’ajoutent à la pratique sportive scolaire et en club chez les 6-10 ans, justifient l’écart entre les moins de 10 ans et les plus de 10 ans. La pratique du sport en club reste, elle, un privilège des ménages les plus diplômés et explique des chiffres relativement bas sur la pratique sportive dans son ensemble chez les enfants.

Autre explication de la chute de l’activité physique : le temps passé devant les écrans. Un peu plus de 80% des garçons entre 6 et 17 ans et près de 73% des filles de la même tranche d’âge consacrent au moins 2 heures par jour aux écrans. Ces niveaux augmentent avec l’âge et diminuent en fonction du niveau de diplôme de l’adulte de référence au sein du ménage. En conclusion, les chercheurs recommandent “de maintenir, voire de développer la pratique sportive en milieu scolaire pour assurer un minimum d’activité physique au plus grand nombre”. Ils conseillent aussi de “favoriser le développement d’activités physiques plus informelles comme les jeux en plein air”. Pour les écrans, ils encouragent à faire de la prévention sur les dérives sédentaires qui s’observent chez l’ensemble de la population.