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Nouvelle erreur médicale

« Chirurgien de l’horreur » à Grenoble : une famille l’accuse de la mort d’un patient

Par Charlotte Arce

Déjà soupçonné de fautes médicales graves dans une soixantaine dossiers d’opération ayant conduit certains de ses patients à l’infirmité, le Dr V., chirurgien du dos à Grenoble, est aujourd’hui accusé d’avoir causé la mort de Noël, un homme de 73 ans.

lyosha_nazarenko/iStock

Les révélations concernant les dégâts causés par le Dr V. n’en finissent pas.

Alors que la semaine dernière, Le Parisien affirmait que 33 victimes présumées du "chirurgien de l’horreur" se réunissaient pour exposer collectivement leurs griefs vis-à-vis de ce praticien spécialiste du dos, le quotidien donne aujourd’hui la parole aux proches de Noël. Décédé en novembre 2017 suite à son opération, cet homme de 73 ans était aussi le patient du Dr V. Aujourd’hui, sa famille accuse le chirurgien d’avoir entraîné sa mort à cause de ses manquement professionnels.

"Mon père n’est plus là pour évoquer toutes ces souffrances. Nous parlons donc en son nom pour dire comment sa vie s’est terminée, dans une lente agonie. Pour moi, ce chirurgien a conduit mon papa à la mort", affirme ainsi la fille de Noël, Cécile, au Parisien.

Une opération inutile et dangereuse

Tout commence en novembre 2016, lorsque cet ancien patron de menuiseries se plaint de douleurs dans les jambes et dans le dos qui l’empêchent de se déplacer correctement. Il consulte alors le Dr. V., qui exerce à la clinique des Cèdres d’Échirolles dans la région de Grenoble. Celui-ci lui explique d’emblée la nécessité d’opérer. "Il a juste regardé l’IRM. Et sans même examiner mon mari, il a tout de suite dit 'Il faut opérer'. Sans proposer d’autres alternatives. Sans demander d’autres examens", se souvient Mauricette, l’épouse de Noël.

Pourtant, l’état de santé de Noël ne semble pas compatible avec une opération du dos. La veille de l’intervention, un angiologue réalise un Echo-Doppler et découvre que le septuagénaire souffre d’une "thrombose complète des deux artères fémorales". Le Dr V. décide tout de même d’opérer "en concertation avec l’angiologue et l’anesthésiste".

Dès son réveil le lendemain, Noël se plaint de douleurs et est victime d’une ischémie sévère, c’est-à-dire d’un arrêt de la circulation sanguine, au niveau de son pied droit. Transféré dans le service de réanimation d’une autre clinique, il y apprend que sa jambe droite ne pourra pas être sauvée par le chirurgien vasculaire qui le prend en charge. "Il aurait fallu agir dans les 6 heures suivant l’opération afin d’éviter la nécrose des tissus." Et d’ajouter que "la priorité n’était pas de l’opérer du dos. Ses problèmes pour se déplacer étaient d’origine vasculaire. Et sa position ventrale lors de l’opération a favorisé l’arrêt de la circulation sanguine."

Amputé de la jambe droite deux semaines après la première opération, Noël voit son état de santé se dégrader. Victime d’une infection généralisée, il finit par décéder le 4 novembre 2017.

Le médecin suspendu, une enquête est en cours

Aujourd’hui, la famille de Noël ne cache pas sa colère envers le Dr. V. "Il ne nous a même pas présenté ses condoléances. Avant la mort de mon père, il n’est passé le voir que deux fois en deux mois. Sans cette opération, mon papa serait encore là. On peut donc en vouloir à ce chirurgien si peu scrupuleux vis-à-vis de la santé de ses patients."

Scandalisée par l’attitude du médecin, la famille de Noël a déclaré être prête à porter plainte contre la clinique des Cèdres et le Dr V. Ce dernier a été suspendu en janvier dernier pour trois ans, dont 18 mois avec sursis, par le Conseil de l’ordre national des médecins après l’ouverture d’une enquête par la Caisse primaire d’Assurance maladie, qui a recensé 54 victimes officielles. De son côté, le praticien nie toute responsabilité.