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Haut Conseil de la santé publique

Grossesse : pourquoi sucer la tétine d'un enfant peut être dangereux pour le foetus

Par Jean-Guillaume Bayard

Le Haut Conseil de la santé publique vient de recommander aux femmes enceintes de ne pas sucer la tétine d’un enfant, au risque de contracter un virus dangereux pour le futur bébé.

NataliaDeriabina/iStock
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Le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) recommande aux femmes enceintes d'adopter certaines mesures d'hygiène pour se protéger d'un virus potentiellement dangereux pour le fœtus, dans un avis publié le 17 décembre 2018. Il s’agit de protéger les futurs bébés contre une contamination par le cytomégalovirus (CMV), un virus généralement bénin mais qui peut être dangereux pour l'enfant à naître lorsqu'il est contracté pendant la grossesse.

Des gestes à éviter

Pour éviter toute contamination, le HCSP préconise aux femmes enceintes de prendre plusieurs précautions d’hygiène afin d’éviter que le futur bébé ne contracte ce virus potentiellement dangereux. Il liste ainsi les gestes à éviter, qui sont pourtant courants : "Goûter dans l'assiette du bébé", "embrasser un bébé ou un enfant qui pleure sur les joues", "sucer la tétine du bébé", "toucher un pyjama mouillé d'urine avec les mains".

Le cytomégalovirus est un virus mal connu, mais potentiellement dangereux pour le futur bébé. Environ la moitié de la population française porte ce virus qui peut se transmettre de multiple façons : salive, urine, larmes et les sécrétions génitales. Les infections par le CMV surviennent à tout âge, mais particulièrement dans la petite enfance. Une fois le virus établi chez la personne infectée, il peut être réactivé tout au long de la vie.

Des conséquences potentiellement graves

Les dernières recommandations du HCSP concernant les femmes enceintes datent de 2002 et ne concernaient que celles qui n’avaient jamais été contaminées par le CMV. Or, les données analysées par le HCSP montrent que les nouvelles infections au cours de la grossesse sont aussi dangereuses que les premières infections. Au total, environ 3 500 infections mère-enfant ont lieu chaque année. Parmi elles, environ 15% engendrent des séquelles graves chez le bébé tels qu’une déficience intellectuelle, des troubles moteurs, de la surdité, de la cécité, etc...

Le HCSP déplore que "les mesures d’hygiène, pourtant simples, sont largement méconnues à la fois des professionnels de santé et du grand public, et donc très mal appliquées en France". Il souligne que seules 15% à 40% des femmes ont entendu parler du CMV, que ce soit par le monde médical ou par les médias.

Pas de dépistage mais un repérage

Le Haut Conseil souhaite ainsi renforcer la sensibilisation de la population sur les risques potentiels d’une infection et sur les précautions à prendre pour éviter toute contamination. "On a montré que les primo-infections étaient diminuées de moitié quand on mettait en place ces mesures d'hygiène", souligne Agathe Billette de Villemeur, médecin de santé publique qui a piloté le groupe de travail du HCSP.

Pour l’instant, aucun vaccin ou traitement n'existe contre ce virus. Le HCSP souhaite renforcer le repérage de ces infections, notamment en cas de test douteux d’une seule oreille au moment du dépistage néonatal, systématique de la surdité.