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Etude américaine

L'IRM repère les zones de la douleur dans le cerveau

Par Afsané Sabouhi

Des chercheurs américains ont identifié par IRM fonctionnelle les zones du cerveau activées en cas de douleur physique aigue. Un outil précieux pour les personnes que l’âge, la maladie ou le coma empêchent de dire qu’elles ont mal.

IAFRATE PATRICK/SIPA

Sur une échelle de 0 à 10, où situez-vous votre douleur ? Un médecin vous a certainement déjà demandé d’évaluer ainsi l’intensité de la douleur pour laquelle vous veniez le consulter. A défaut d’outils permettant d’attester objectivement qu’une personne souffre et avec quelle intensité, les soignants doivent s’appuyer sur ses dires, même si cette auto-évaluation est subjective et imparfaite. Les choses se compliquent lorsque la personne qui souffre ne peut pas communiquer, comme un jeune enfant ou une personne dans le coma ou lorsque l’évaluation qu’elle fait de sa douleur est sujette à caution en raison de troubles cognitifs par exemple.

S’ils ne peuvent pas le dire avec des mots, allons voir dans leur cerveau. C’est en résumé la piste très prometteuse que vient de tracer une équipe américaine, qui publie ses résultats dans le New England Journal of Medicine. Ces chercheurs ont mis en évidence chez 144 personnes  les zones du cerveau spécifiquement activées lors d’un stimulus physique douloureux. Plus précis encore, ils ont observé que si leur douleur diminuait grâce à un médicament de type morphinique, l’activation neuronale observée était moindre également.

Ecoutez le Dr Assia Jaillard, neurologue et chercheuse en imagerie par IRM-f au CHU de Grenoble : « Il n’y a pas une région de la douleur dans le cerveau, c’est une signature neurologique qui active plusieurs zones en même temps ».


L’outil qui permet d’observer ainsi le cerveau en action, en l’occurrence ici en train de souffrir, c’est l’IRM fonctionnelle (IRM-f). Ce type d’imagerie montre en temps réel les afflux sanguins dans le cerveau. On détecte ainsi qui sont les neurones activés, c’est à dire ceux vers lesquels afflue le sang gorgé d’oxygène.


Cette étude reste tout de même très préliminaire puisqu’elle ne concerne qu’une douleur aigue et unique administrée à une population de volontaires sains et non de personnes malades.

Ecoutez le Pr Didier Bouhassira, neurologue à l’hôpital Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt et vice-président de la Société française d’étude et de traitement de la douleur : « La douleur chronique pathologique est extrêmement plus complexe qu’un stimulus expérimental »  



« Il reste effectivement beaucoup de points à élucider, à commencer par la validation de cette signature chez des personnes malades, reconnaît Assia Jaillard. Mais plusieurs études sont en cours, y compris sur les douleurs chroniques et diffuses des fibromyalgiques ». Cette spécialiste estime donc que le recours à l’IRM fonctionnelle comme aide au diagnostic de la douleur peut sérieusement s’envisager à l’horizon 2020.


Les échelles d’auto-évaluation ont tout de même encore de beaux jours devant elles pour tous les patients capables de verbaliser leur mal. Il restera évidemment toujours plus facile de demander à quelqu’un de dire s’il souffre plutôt que de l’envoyer passer une IRM-f pour le savoir. En revanche, l’outil pourrait aussi se révéler précieux dans la recherche de nouveaux traitements contre la douleur. Attester et mesurer l’efficacité d’un traitement sur l’intensité de la douleur par IRM-f permettrait de s’affranchir de la subjectivité des volontaires participant aux études et de leur sensibilité à l’effet placebo.