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Inserm et Inra

Oméga 3 : les ados carencés feront des adultes anxieux

Par Antoine Costa

Une étude française montre que les carences en oméga-3 perturbent la communication neuronale et favorisent la survenue de troubles cognitifs.

JulijaDM/epictura

Pour avoir un cerveau qui tourne bien à l’âge adulte, mieux vaut faire la part belle aux oméga-3 à l’adolescence, suggère une étude menée par des chercheurs de l’Inserm. Ces travaux parus dans The Journal of Neuroscience confirment que ces acides gras sont indispensables au bon fonctionnement du corps humain.

Notre organisme est incapable de produire ces acides gras, il est donc obligé de les puiser dans l’alimentation. Or, comme le soulignent les chercheurs de l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée à Marseille et de l’Inra à Bordeaux, l’alimentation occidentale leur fait peu de place.
De fait, la viande, les produits transformés et les boissons sucrées ont remplacé les poissons gras, l’huile d’olive ou les noix. Un régime alimentaire déséquilibré qui fait le lit des troubles cardiovasculaires, des démences ou de la dépression.

Et selon ces travaux, l’origine de ces pathologies pourrait remonter à l’adolescence. En effet, en étudiant un modèle de souris carencées en oméga-3 depuis leur plus jeune âge, les chercheurs ont constaté un lien entre une alimentation déséquilibrée et des troubles mentaux.

Piste thérapeutique

A l’âge adulte, ces souris ont présenté des taux faibles d’acides gras dans le cortex préfrontal impliqué dans les fonctions cognitives complexes et le noyau accumbens impliqué dans la régulation de la récompense et des émotions. Selon les observations des chercheurs, cela altère la formation des connexions neuronales dans ces deux régions cérébrales. Des anomalies se traduisant par des comportements de type anxieux et une diminution des fonctions cognitives.

Mais bonne nouvelle, ces troubles peuvent être atténués. Les scientifiques ont démontré que deux méthodes étaient efficaces pour les restaurer totalement.
« Pour cela, il nous a suffi d’amplifier la capacité du récepteur du glutamate, le neurotransmetteur le plus important du système nerveux central, au niveau des neurones, afin de rétablir les échanges, ou d’inhiber la dégradation du principal cannabinoïde naturellement sécrété par le cerveau et qui contrôle la mémoire synaptique », expliquent les chercheurs à la tête de l’étude, Olivier Manzoni et Sophie Layé.

Ces résultats suggèrent que la nutrition influence fortement les fonctions cérébrales et le comportement jusqu’à l’âge adulte. Par ailleurs, ils permettent l’identification de facteurs de risques nutritionnels dans les maladies neuropsychiatriques et ouvrent la voie à des pistes thérapeutiques.