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Médicaments : impliqués dans plus de 3 % des accidents de la route

Par Stéphany Gardier

Petit rhume, allergies, nausées : ce matin, vous avez peut-être pris un médicament avant d’aller travailler, en voiture. Peut-être avez-vous mis votre sécurité et celle des autres en danger. Si l’alcool et la vitesse restent les principales causes d’accidents de la route, les effets secondaires de certains médicaments seraient à l’origine de 3,4 % des accidents, rappelle Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens, dans les colonnes du Parisien. En association avec la Direction générale de la Santé et la Sécurité routière, l’Ordre lance ce mercredi une campagne pour sensibiliser les patients à mieux tenir compte des pictogrammes présents sur les emballages des médicaments.

Pas plus haut qu’un petit centimètre, au dos des boîtes de médicaments, un triangle jaune avec une voiture à l’intérieur est censé attirer l’attention du patient sur les risques liés à son traitement. En réalité, peu de consommateurs y font attention et ils sont encore moins nombreux à lire la notice pour s’informer sur les risques potentiels liés à la conduite. Y compris des professionnels, à en croire le témoignage d'un chauffeur interviewé par Le Parisien : « On n’a pas le réflexe de regarder sa boîte de médicaments. J’avoue ne pas prêter attention aux pictogrammes et jamais un pharmacien ne m’a demandé ma profession ».

Les patients ne sont en effet pas la seule cible de cette campagne d’information. Des kits à destination des pharmaciens vont également être distribués. Des affiches devraient fleurir sur les vitrines des officines avec le slogan « La sécurité sur la route commence sur votre table de nuit ».

Ceux qui prennent des somnifères et des anxiolytiques sont peut-être plus attentifs que les autres patients, étant donné l’effet évident des médicaments sur la vigilance. Mais souvent pris au long cours, ces traitements peuvent aussi être intégrés dans la routine quotidienne, sans que le consommateur ne se rende compte de l’impact réel des comprimés sur ses capacités de conducteur. 

Plusieurs autres molécules, utilisées en automédication, ont aussi des effets non négligeables sur l’attention. L'ibuprofène est notamment classé en niveau 1. Attention aussi aux spécialités contres les rhinites allergiques, qui peuvent générer des somnolences.

L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a lancé un grand chantier de mise à jour des listes des spécialités pouvant poser problème. Un chantier d’envergure qui vient de se terminer. Treize anxiolytiques ont été ajoutés à la liste de niveau 3, pour lequel la conduite est à proscrire. Idem pour le Rivotril, prescrit comme anti-épileptique. L'ANSM a déjà indiqué que d'autres vagues de mise à jour sont prévues.

Quel que soit le traitement pris, la vigilance est donc de mise. Et pas seulement pour les conducteurs de voitures : à vélo ou en 2 roues, les risques sont les mêmes. Comme pour les utilisateurs de machines, "bouchers ou ouvriers", illustre Isabelle Adenot, qui conseille de tester ses médicaments chez soi pour observer l'effet qu'ils provoquent. La réaction peut en effet être très variable d'un individu à l'autre.  

Première publication le 22 mar 2017