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Maladies chroniques, limitation des activités

La pénibilité du travail dégrade la santé à la retraite

Par Julian Prial

L'exposition à des contraintes physiques au travail augmente de 32 % le risque de maladies chroniques à le retraite, selon une étude menée France. 

SALOM-GOMIS SEBASTIEN/SIPA

Marisol Touraine a lancé lundi la semaine nationale des retraités et des personnes âgées. Dans une allocution, la ministre de la Santé a rappelé que le gouvernement a permis de prendre « enfin en compte la pénibilité de l’activité professionnelle ».

Depuis 2014, certains salariés qui ont des conditions de travail pénibles reconnues par l'Etat peuvent se former à un autre métier, poursuivre à temps partiel ou partir plus tôt. En 2016, 500 000 salariés ont bénéficié ainsi de leurs premiers points sur un compte pénibilité. Et il y a urgence à s'occuper de ces salariés à la vie dure.

En effet, quand un salarié a été exposé à une contrainte physique pendant au moins huit ans (port de charges lourdes) ou à plusieurs expositions pendant au moins 4 ans (travail de nuit, répétitif...) il risque plus souvent d'être en mauvaise santé à l'âge de la retraite. C'est ce que mesure une enquête présentée mercredi par le Pr Thomas Barnay, économiste à l'université Paris-Est Créteil.

+ 32 % de maladies chroniques 

Lors d'un colloque organisé à Paris par la Chaire Transitions Démographiques Transitions Economiques, il a souligné que l'exposition à des contraintes physiques augmente de 32 % le risque de maladies chroniques et de 42 % la probabilité de devoir limiter ses activités à l'âge de la retraite. Heureusement pour les deux sexes, les contraintes physiques ne jouent aucun rôle sur la santé mentale des retraités.

Il en va autrement pour l'exposition à des risques psychosociaux (RPS). Alors qu'ils ne font pas partie des facteurs du compte pénibilité, ils ont pourtant des effets sur la santé physique ultérieure, mais dans une moindre mesure.
Le risque de limitation d'activités est seulement accru de 20 % à l'âge de le retraite. En revanche, la santé mentale trinque : le fait d'avoir été exposé à des RPS au cours de sa carrière (comme travailler sous pression, vivre des tensions avec les clients, etc.) fait exploser les risques pour les retraités : +78 % d'épisodes dépressifs, +92 % de troubles anxieux généralisés. 

Enfin, la consommation d'antidépresseurs flambe aussi (+52 %) et les femmes seraient davantage touchées que les hommes par ces maux. En chiffres, elles ont 2,4 fois plus de troubles anxieux que les hommes.

Sans pénibilité, la retraite est bénéfique 

L'économiste a néanmoins rappelé que travailler améliore la santé, par rapport au fait de ne pas travailler, et le passage à la retraite est « bénéfique ». Avec une diminution de l'anxiété et de la dépression, selon une seconde étude (2). « Cela quelque soit le niveau d'études », précise Thomas Barnay contacté par Pourquoidocteur. Pour les femmes en revanche, l'effet du passage à la retraite est « bénéfique uniquement sur la santé mentale », souligne-t-il.

Ce dernier explique que « c'est sans doute l'une des raisons pour lesquelles ce sont les Français qui veulent partir le plus tôt à la retraite (...) L'autre explication est sans doute qu'ils sont aussi les Européens qui expriment le plus de lassitude au travail avec un sentiment de mal-être professionnel très fort », conclut-il. Ses travaux devraient être publiés d'ici la fin de l'année. 

(1) L'enquête exploite deux vagues (2006 et 2010) de l'enquête Santé et itinéraire professionnel Drees-Dares, en isolant un panel de 3.210 retraités susceptibles d'avoir rencontré des conditions de travail pénibles. 

(2) L'analyse de l'effet de la retraite sur la santé des retraités repose, elle, sur un échantillon de 4.932 personnes âgées de 50 à 69 ans en 2010, à la retraite ou pas.